de J-R Van der Plaetsen
L’écrivain publie un recueil de souvenirs. Un ouvrage plein de grâce, qui décrit une Europe perdue, celle des royautés et du gotha, où le devoir et la tenue primaient sur le reste.
Etre roi est un métier difficile et exigeant. Michel de Grèce le sait, lui qui a eu tout loisir d’observer les cours régnantes, les monarques sans couronne et les royautés déchues. « C’est un métier qui ne s’apprend pas car, selon lui, il n’y a pas de grand livre qui indique aux royautés quoi faire. » Et les guides du protocole n’ont d’utilité que pour le respect des usages puisque, dit-il avec un humour exquis, « le cauchemar des royautés est de ne jamais savoir comment s’habiller, à quelle heure être prêt et où se rendre ». On notera que, dans la conversation, le prince n’utilise jamais le terme de monarchie, mais celui de royauté, plus incarné, et plus conforme à ce qu’il a vécu.
Dans un merveilleux livre qui lui ressemble, l’auteur, membre de la famille royale de Grèce, descendant des Romanov et des Orléans, raconte son existence passée, sa famille, qui a connu autant de tragédies que de jours heureux, ses rencontres et voyages. C’est un témoignage unique
AVEC OU SANS COURONNE, de Michel de Grèce. Stock, 370 p., 20,90 €. sur la vie quotidienne des cours d’Europe, constituée d’une féerie de bals, de villégiatures et de palais, mais aussi de tourments et de fardeaux qu’imposent la politique et l’étiquette. On y croise le gotha qui évolue autour des royautés, mais aussi des artistes, la Callas et Fellini, Warhol et Niki de Saint Phalle. La description de la visite d’Etat en Grèce de Charles de Gaulle, « plus roi de France que jamais aucun membre de ma famille ne l’a été », est inoubliable.
Mais ce recueil de souvenirs est aussi le récit de la conquête de la liberté par un homme plus artiste que souverain, plus grec que français, qui renonce à tout droit sur la couronne de son pays lorsqu’il décide de se marier par amour, en dehors des conventions de son monde – union qui perdure aujourd’hui. « Ils se marièrent, vécurent heureux et eurent de nombreux enfants. » Qu’on se le dise : Michel de Grèce est un prince charmant, comme ceux des contes de notre enfance.
“La légèreté n’est pas indéfendable, je proclame qu’elle est même indispensable !”