d’Eric Zemmour
Mais qu’allait-il faire dans cette galère ? C’est la question qu’on pouvait se poser en voyant Emmanuel Macron débarquer en début de semaine dans une commune de la banlieue parisienne pour un nouveau round du « grand débat national ». La banlieue, la terre où il n’y a pas de rond-point et, quand il y en a, ils sont vides. La banlieue, d’où les seuls « gilets jaunes » estampillés furent les pillards des premiers samedis de novembre, en particulier ceux qui ont saccagé l’Arc de triomphe. La banlieue qui, en dépit des efforts des professionnels gauchistes de la « convergence des luttes », a ignoré avec un rare dédain, teinté de sarcasmes sur les réseaux sociaux pour les « Gaulois », les revendications de la « France périphérique » en jaune. La banlieue, qu’il est de bon ton désormais dans la terminologie officielle de qualifier de « quartiers populaires » pour faire oublier qu’ils sont de plus en plus des quartiers islamisés. Cette banlieue ne s’est nullement sentie concernée par les « gilets jaunes » tandis que les « gilets jaunes » n’ont pas parlé des banlieues, ni d’immigration ni d’islam. Comme si ces derniers avaient intériorisé le tabou médiatique et idéologique. Comme si les deux « classes populaires » formaient deux peuples séparés, deux France qui s’ignorent. Emmanuel Macron a pris le risque calculé de se voir reprocher le mépris qu’il avait manifesté pour le plan Borloo il y a quelques mois. Un mépris qui était pourtant une simple marque de bon sens : le premier plan Borloo nous avait coûté 40 milliards d’euros. Pour quels résultats ? Des immeubles rénovés, des quartiers pimpants pour toujours plus de trafic de drogue, toujours plus de salafisme, toujours plus de halal, toujours plus de femmes voilées. Toujours plus de séparatisme. En vérité, les banlieues n’ont pas la même réalité économique et sociale que la France périphérique : la plupart des habitants y sont certes pauvres (mis à part des îlots bourgeois) mais bénéficiaires de la mondialisation par leur proximité géographique avec les métropoles, seuls lieux où se créent les richesses. Ils ont les transports en commun pour s’y rendre : la plupart vont y travailler, se mettant au service des privilégiés des centres-villes ; une minorité vit confortablement de trafics ; sans oublier l’irrigation permanente de ces quartiers par l’aide sociale et les subventions aux associations qui coulent à gros bouillons. Dans ces quartiers, 40 % des jeunes sont au chômage. Les « gilets jaunes » ont au contraire une sociologie de travailleurs modestes, salariés ou petits patrons, qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts. L’aide sociale y est concentrée sur les mères célibataires.
En se rendant en banlieue, Macron exécute une opération de diversion idéologique. Il veut faire croire, avec la complicité des médias, que les « vrais pauvres » sont en banlieue. Cette mise en concurrence victimaire est une iniquité intellectuelle mais une habileté politique. Pendant ce temps-là, les syndicats, CGT en tête, s’efforcent de débrancher les « gilets jaunes » qui poursuivent la lutte en réduisant leurs revendications à un catalogue de mesures sociales. A quand une manif de « gilets jaunes » entre Bastille et Nation ?