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Une proposition revient avec insistance : l’impôt sur le revenu (IR) devrait être payé par tous, même pour un montant symbolique. « Le principe de l’universalité de l’impôt doit être réaffirmé. Il est insupportable que moins de la moitié des foyers soit soumis à l’IR », tempête Maxime Lefebvre, de Saint-Maur-des-Fossés (Val-deMarne). Frédéric Gaussens, 44 ans, marié et père de deux enfants, est du même avis : « 100 % des gens doivent payer cet impôt », juge ce cadre supérieur qui travaille dans la prestation de services pour l’industrie pharmaceutique et vit dans l’Ain. Il s’offusque du fait que 70 % de l’impôt sur le revenu soit payé par les 10 % de contribuables les plus aisés. « La justice sociale et fiscale passe par un meilleur rééquilibrage de la collecte de l’impôt entre ceux qui sont surtaxés, voire spoliés, vers ceux qui ne paient pas ! Désolé pour les « gilets jaunes », c’est ça la VRAIE justice sociale », lance-t-il.
L’IFI, UNE VÉRITABLE INJUSTICE
Le mot « supprimer » revient régulièrement sous la plume de nos contributeurs. Beaucoup rêvent de voir disparaître la TVA sur les produits de première nécessité, les niches fiscales, « tout impôt sur le capital ayant déjà fait l’objet d’une taxation » propose l’un d’eux, mais aussi l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), vécu comme une véritable injustice par de nombreux propriétaires immobiliers qui s’estiment injustement pénalisés. Franck Duédal, retraité de 60 ans (Montigny-le-Bretonneux), ouvre une autre piste : exclure « tous droits de succession quand il s’agit de transmission familiale ». Autre souhait quasi unanime : supprimer la taxe d’habitation pour tous les Français. Le président de la République n’a-t-il pas dit que « si un impôt n’est pas bon pour 80 % des ménages, il y a peu de chance qu’il le soit pour les 20 % restants », rappelle Raymond Serres, ingénieur de 64 ans qui nous écrit de Castres (81). Faut-il rétablir l’ISF, comme le réclament les « gilets jaunes » ? « Cela reviendra à ponctionner encore plus ceux qui paient pratiquement l’intégralité de l’impôt sur le revenu, s’inquiète Bruno Vallée. Et puis est-il juste de taxer le patrimoine à en moyenne 1 % alors que le rendement de l’argent est inférieur à ce chiffre ? », interroge cet ancien cadre dirigeant du secteur de la grande distribution, qui vit à La Baule. A l’intention de ceux qui rêvent de faire payer toujours plus les riches, il rappelle cette célèbre phrase lancée il y a une cinquantaine d’années par un député : « Le capitalisme, c’est accepter que certains roulent en Rolls et les autres en 2 CV ; le socialisme, c’est vouloir que tout le monde prenne le métro. » Pierre Julien est plus nuancé : « Afin de satisfaire 90 % des Français (qui ne le payent pas) », il accepterait le rétablissement de l’ISF, mais à trois conditions seulement : « exonérer totalement la résidence principale, relever chaque année le seuil de déclenchement, et plafonner son montant à 50 % de l’impôt sur le revenu payé par le contribuable ».
LUTTER CONTRE LA FRAUDE
Réduire les dépenses publiques ? Beaucoup y voient une véritable urgence, regrettant qu’Emmanuel Macron n’en ait pas fait la priorité de son début de mandat. Ils donnent des pistes tous azimuts, à l’instar de Serge Viennot, ingénieur retraité de Saint-Raphaël (Var), qui suggère de « ne pas donner 800 000 euros pour la restauration de la casbah d’Alger, de ne pas subventionner des projets comme le TGV du Maroc (1 milliard d’euros), de revoir les privilèges des sénateurs à la baisse » ou encore de « faire la chasse aux fausses cartes Vitale ». Le meilleur moyen de faire des économies, enchaîne Philippe G., cadre de 57 ans (Le Havre), c’est de
« lutter contre la fraude à tous les niveaux ; que ce soit la fraude fiscale, la fraude à la TVA, le travail au noir, la fraude à la carte Vitale ou encore celle aux aides sociales. Enfin, il ne faut pas oublier toutes celles qui résultent de la fraude sociale documentaire qui représente 1,8 million de faux numéros de sécurité sociale. »
SUPPRIMER LE CESE
Autre piste : renforcer les moyens de la Cour des comptes. « Elle doit recevoir le pouvoir de sanctionner les administrations et responsables politiques au lieu de simplement faire rire (jaune) les contribuables comme aujourd’hui », estime Antoine Beligne, 63 ans, habitant de La Rochelle. « Il faudrait chiffrer et publier tous les postes de dépenses de l’argent public et les comparer à ceux observés dans les autres pays de l’UE », propose pour sa part un retraité de Toulouse, P. C., qui suggère par ailleurs d’évaluer l’intérêt des très nombreux observatoires et comités Théodule de la République. Dans sa ligne de mire : le Conseil économique, social et environnemental (Cese) qu’un autre lecteur un peu plus remonté dépeint comme une « usine à recasage des copains politiques, absolument inutile ». ■