Le Figaro Magazine

LE CLUB HORS CIRCUIT ?

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Un client me demandait récemment pourquoi je ne vendais pas, ou si peu, de cravates clubs ?

J’ai répondu que généraleme­nt, si un commerçant ne propose plus un produit, c’est qu’il ne se vend plus. Il trouva la réponse logique, d’autant que les élégants magasins qu’il fréquente par ailleurs ont aussi arrêté quantité de rayures. C’est ainsi, hélas ! Pourtant, la

« club » figure parmi les essentiels de tout amateur de cravate ou de papillon qui se respecte. Le motif club se base sur l’alternance de barres, de deux ou trois couleurs assez simples. Il est très proche de l’héraldique. En effet, la compositio­n renvoie, chez les Anglais, à tel ou tel club, cercle ou régiment militaire.

Il y a un siècle environ, les Américains, avides d’un lustre qu’ils n’avaient pas, volèrent ce goût aux British en changeant le sens des rayures. Sur une repp tie américaine, elles partent de l’épaule droite pour descendre vers la gauche. Dans les années 1920, alors que la cravate est une invention toute récente que l’on appelle alors « régate », ce motif fait florès. Et, dans les années 1950, tous les grands mariages en jaquette à la Madeleine se font cravaté ainsi. Un véritable âge d’or ! Les amateurs aiment sa géométrie classique en même temps que les possibles accords de teintes avec la pochette ou les chaussette­s. C’est la masculinit­é, la force brute sans chichi, la fantaisie raisonnée. Seulement voilà, la cravate club peut difficilem­ent évoluer. Les tentatives pour l’orner de multiples couleurs ou de rayures bizarres ont toutes été vouées à l’échec. Seuls ceux qui portent des chemises à boutons carrés colorés y ont trouvé de l’intérêt. Pour les stylistes, ce n’est pas un grand objet de mode, à la différence des fameuses cravates aquarelles des années 1990… Il ne reste plus que les orthodoxes de la garde-robe pour posséder et porter dignement l’élégante cravate club !

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