Le Figaro Magazine

MALRAUX ET MOI

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Qué pasa ? Quand il était au gouverneme­nt, Dominique de Villepin n’arrêtait pas. Il publiait des livres à flux tendu. Et une gargouille poussait des cris, et Rimbaud ressuscita­it, et Napoléon n’en faisait qu’à sa tête. Depuis qu’il est censé avoir du temps libre, c’est presque le silence. Ce mystère interroge. On le croyait poète, il s’est reconverti dans les affaires. Les éditeurs versent une larme. Ils se consolent avec Bruno Le Maire, qui est ministre de quelque chose et qui vient de signer un émouvant récit sur un ami disparu. La France est bonne fille. Elle laisse aux hommes d’Etat des loisirs pour qu’ils noircissen­t du papier, s’épanchent sur des feuillets A4. Il n’y a pas que les rapports administra­tifs dans la vie. J’ai aussi une âme, vous savez. Victimes du syndrome Malraux à l’envers, les politiques profitent de leur passagère notoriété pour encombrer les librairies. Ils essaient de tout coeur de sauver le pays, cela ne les empêche pas de vouloir passer chez Busnel. Au moins, l’auteur de La Condition humaine volait des statuettes khmères et déjeunait tous les jours chez Lasserre. Il envoyait la note chez Gallimard. Ça n’est sûrement pas lui qui se serait plaint de ne pas pouvoir aller au restaurant à Paris sans dépenser 200 euros. Ses tics avaient de l’allure. Il vivait avec Louise de Vilmorin, rêvait ses rencontres avec Mao, tutoyait l’éternel. Depuis, quand on entend un ministre, on pense toujours qu’on lui a donné un portefeuil­le. Le mot est ambigu.

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