TISANE OU GRANDS VINS
Michel Denisot propose la première, Claude Chabrol les seconds. Le tout avec modération.
Depuis quelque temps, Michel Denisot plombe tout. Les dernières saisons du « Grand Journal » : sinistres. Avec « Profession » (1), il se surpasse dans la platitude. L’idée : réunir des représentants d’une même corporation. Résultat : chapelet de poncifs, radio filmée. On se croirait à une réunion de l’Onisep. Ou dans des papotages de boutiquiers. Prenez des gens brillants, intelligents, ayant réussi dans un métier qui est aussi leur passion, mettez-les en présence de Denisot : ils s’éteignent. Avec une empathie complaisante, il ne bouscule personne, enfile les questions serviles et ne s’attire que des réponses banales. Ainsi nous dit-on que, pour être agent d’artistes, comme pour être artiste, il est conseillé d’être bien élevé, patient et travailleur. Non ? Canal+ ayant été la chaîne de l’insolence, on est effaré de devoir avaler cette potion laxative qui ferait passer les émissions de Jacques Chabannes (« Télé-Paris », 1947-1959) pour de la contre-culture avant-gardiste. L’antidote à Denisot est bien Claude Chabrol, dont la belle-fille et assistante Cécile Maistre brosse un portrait magnifique et bon esprit : moqueur, effronté, libre, chaleureux, passionné, le tout relevé par des qualités de coeur (2). Un coeur bourru, goguenard et pudique. L’anti-Denisot. Les amis se succèdent : Cluzet, Delépine, Guérif, Huppert, Rauger, Santamaria, Wermus… La fine équipe réunie comme pour un festin où Chabrol passe, bon ange rigolard et généreux.
(1) « Profession : agent artistique », Canal+, mercredi 20 février, 22 h 55.
(2) Chabrol, l’anticonformiste, Arte, dimanche 17 février, 22 h 40, diffusé au coeur d’un cycle comprenant trois films de Claude Chabrol : La Cérémonie, Le Boucher, Juste avant la nuit.