QUE VAUT VOTRE CONTRAT ?
Quelques assureurs ont augmenté leurs taux, une première depuis longtemps. Mais de nombreux vieux contrats sont sacrifiés. Sachez trier le bon grain de l’ivraie.
Les fonds s n’ont pas démérité en 2018. Le rendement moyen versé devrait osciller entre 1,6 et 1,7 % selon Good Value for Money, après 1,8 % en 2017. A priori une piètre performance comparée à l’inflation (1,8 % l’année dernière). Mais à y regarder de plus près, le placement préféré des Français ne s’en sort pas si mal. Comparé aux placements de sa catégorie d’abord. Ceux qui permettent, comme l’assurance-vie, de retirer son argent à tout moment, et de voir son capital garanti, sont bien moins rémunérateurs : le Livret A ne rapporte plus que 0,75 %, et le PEL 1 %. Le rendement moyen versé en 2018 cache, par ailleurs, tant de disparités qu’il ne veut pas dire grand-chose. Les rendements publiés s’échelonnent entre 0,7 %, pour des contrats de bancassureurs désormais fermés à la commercialisation, et 2,5 % pour un contrat classique. Certains contrats, aux conditions d’accès restreintes, ont même servi plus de 3 %. Ainsi le fonds Sécurité Pierre de Primonial, essentiellement investi en immobilier, a servi 3,2 % à ses clients. Pour y accéder, il faut accepter de verser 50 % minimum en unités de compte, dont le capital n’est pas garanti.
« Les contrats haut de gamme patrimoniaux et ceux des associations sont toujours parmi les plus rémunérateurs, constate Cyril Chartier-Kastler. À l’inverse, aller vers un contrat qui collecte beaucoup, c’est avoir la certitude d’obtenir un rendement médiocre, car l’assureur devra acheter des obligations peu rémunératrices pour placer sa collecte. » L’association Gaipare a, par exemple, distribué 2,50 % à ses clients pour 2018, en baisse de 0,15 % par rapport à 2017, l’Afer, qui compte 750 000 adhérents, 2,25 %, et l’Agipi 2,10 %.
LES ACTIFS RISQUÉS DANS LE ROUGE
Cette année déroge par ailleurs à la règle de rendements en baisse continue : si le rendement moyen baisse, de nombreux assureurs ont fait le choix d’augmenter leur taux. Ainsi, le fonds Netissima de Generali, commercialisé chez de nombreux acteurs en ligne, dont Altaprofits, ING direct et Placement-direct, a rapporté 2,25 % en 2018 contre 2,10 % l’année dernière. Le fonds s Exclusif de Boursorama, également géré par Generali, progresse de 0,21 % (2,31 %), tandis que CNP Assurances et BPCE Vie ont augmenté de 0,10 % le taux de leurs contrats distribués dans le réseau Caisse d’épargne. Cette année, les politiques de versement des assureurs ont de fait été plus dispersées : tous n’ont pas agi de concert, signe qu’ils n’ont pas tous la même lecture des taux d’intérêt à venir. « Lorsque nous prenons notre décision, nous devons arbitrer entre le rendement immédiat et le rendement futur, que l’on prépare en alimentant nos réserves, explique Olivier Sentis, directeur général de la MIF. Nous pensons, quant à nous, qu’il faut encore mettre de l’argent de côté pour préparer des jours plus difficiles. » Les réserves constituées par les assureurs représentent aujourd’hui 50 milliards d’euros, qui viendront bonifier le rendement des épargnants le jour venu. Mais des critiques commencent à s’élever contre ce trésor de guerre non redistribué. Cela pousse certains assureurs à mettre moins de côté et à distribuer davantage.
Le fond euros ne s’en sort enfin pas si mal comparé aux unités de compte, que les assureurs ont encouragé à souscrire ces dernières années. Les gestions profilées, qui mixent fonds euros et unités de compte en fonction de l’appétence au risque de l’épargnant, ont réalisé de très mauvaises performances en 2018, en raison de la chute des marchés en fin d’année. Selon Good Value for Money, les gestions profilées prudentes ont perdu 6,3 % en moyenne, les modérées 8,6 % et les agressives 12,03 %. Même si ces performances ne doivent pas être appréciées sur un an, elles ont incité les épargnants à se retirer des actifs risqués. « Nous constatons clairement des arbitrages des unités de compte vers le fonds euros, et la collecte est globalement difficile depuis le début de l’année », explique Philippe Le Bras, directeur général de Suravenir, qui a distribué 2 % sur son fonds Suravenir Rendement. Dans ce contexte morose pour la collecte (le mois de décembre a été négatif selon la Fédération française de l’assurance), les assureurs se montrent moins réticents qu’avant à accepter de gros versements à 100 % sur le fonds euros. ■