LES INDISCRÉTIONS de Carl Meeus
Pour avoir été ministre du Budget (de 2011 à 2012), Valérie Pécresse sait très bien comment fonctionne cette administration et sa capacité à repasser au titulaire du portefeuille les vieux projets qu’elle n’a pas réussi à vendre à ses prédécesseurs. C’est dire si la présidente de la Région Ile-deFrance n’a pas été surprise d’entendre Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, vouloir s’attaquer aux fameuses « niches fiscales », notamment celle concernant les emplois aidés. « C’est un mauvais ministre du Budget qui fait ça », s’insurge l’ancienne ministre, qui a dû batailler quand son administration a voulu lui faire passer le projet. « Je les ai sauvés en 2011, je me suis battue comme la chèvre de M. Seguin, dans l’hémicycle jusqu’à 4 heures du matin »,
se souvient celle qui estime qu’il faut « arrêter d’appeler ça une niche fiscale et sortir le dispositif de Bercy : ce sont des emplois de services pour des gens non qualifiés ». Valérie Pécresse, qui a vu Emmanuel Macron en tête à tête récemment, ne croit pas en la volonté du président de la République de « véritablement changer les choses. Moi, ça fait trois ans que je baisse les dépenses en Ile-de-France. C’est la preuve qu’on peut le faire. » S’opposant à Emmanuel Macron, elle continue de s’opposer aussi à Laurent Wauquiez. Valérie Pécresse ne se sent « pas impliquée » dans le choix des trois noms en tête de la liste des Républicains aux européennes, alors même qu’Agnès Evren est considérée comme une de ses proches. A partir du moment où le patron de LR ne lui « demande (son) avis sur rien »,
elle considère que c’est sa liste. Elle lui donne rendez-vous le 26 mai, au soir du scrutin européen.
L’ancien premier secrétaire du Parti socialiste regarde avec désolation la gauche aller dans le mur au prochain scrutin européen. L’artisan de la gauche plurielle en 1997 est navré de constater que celleci est désormais incapable de se rassembler, voire de simplement organiser « un grand débat qui aurait pu créer l’unité. Il y a urgence mais ils sont tous enfermés dans leur propre logique boutiquière et le mode de scrutin ne s’y prête pas. » Alors Jean-Christophe Cambadélis a repris la plume et commencé à écrire un livre doctrinal : « La gauche ne peut se reconstruire sans doctrine. La renaissance sera doctrinale ou ne sera pas », assure celui qui a préféré la forme romanesque pour faire passer ses messages. L’ancien député veut « poser les piliers d’une nouvelle gauche », pour éviter de la voir disparaître, en s’appuyant notamment sur les valeurs de la République. Les dirigeants actuels des partis de la gauche non mélenchoniste ne l’aident pas vraiment, alors même qu’il est persuadé que le clivage droite-gauche va retrouver de sa pertinence.
Le projet de loi sur la mobilité sera peut-être le premier texte post-grand débat national. La ministre des Transports compte le défendre devant le Sénat mi-mars et démontrer ainsi que le gouvernement a entendu les Français. « La loi mobilité tiendra compte de ce qui s’est dit pendant le grand débat » assure Elisabeth Borne, qui a déjà participé à trois réunions, notamment vendredi dernier à Quiberon. Ainsi, le forfait mobilité, prévu pour être facultatif pour les entreprises, pourrait être rendu obligatoire. D’autres évolutions sont à attendre dans un texte que la ministre a conçu comme « une loi “boîte à outils” qui donnera un cadre à toutes les innovations ». En parallèle, elle pourrait, pour la première fois, affronter le suffrage universel. « Le mandat de maire est passionnant », reconnaît la ministre, née à Paris. Une « réflexion personnelle » pour le moment, mais qui pourrait changer la donne dans la capitale.
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Les emplois aidés, une niche fiscale ? C’est un mauvais ministre du Budget qui . dit ça !”
Valérie Pécresse
“La
renaissance sera doctrinale ou ne sera pas !
Jean-Christophe Cambadélis
“La
loi mobilité tiendra compte de ce qui s’est dit pendant le grand débat
Elisabeth Borne