Le Figaro Magazine

DITES-NOUS TOUT Isabelle Giordano

Directrice générale d’UniFrance Films “Là où Hollywood dépense des millions de dollars en marketing et publicité, le cinéma français doit rivaliser d’imaginatio­n”

- Propos recueillis par Clara Géliot

Vendredi 22 février, elle assistera à la 44e cérémonie des César où triomphero­nt peut-être Jusqu’à la garde et Le Grand Bain,

deux films déjà vendus dans plus de 40 territoire­s. A la tête depuis cinq ans d’UniFrance Films, qui fête ses 70 printemps, elle court le monde inlassable­ment pour promouvoir le septième art français sous toutes ses formes (de Belle et Sébastien à

Hippocrate, qui cartonnent à l’étranger). Entre deux voyages, cette femme pressée s’est livrée.

En quoi la cérémonie des César estelle un rendez-vous important pour la directrice générale d’UniFrance ?

Un acteur ou un film césarisé est repéré à l’étranger. Les récompense­s sont utiles pour faire voyager et rayonner le cinéma français. Là où Hollywood dépense des millions de dollars en marketing et publicité, il nous faut rivaliser d’imaginatio­n. L’audace de films comme Grave ou

Minuscule vaut toutes les campagnes formatées. Et notre force reste notre diversité.

Quelles grandes actions va mener UniFrance l’année de ses 70 ans ?

Notre principal défi est de faire exister le cinéma français dans un environnem­ent numérique, qui est le nouvel enjeu pour ce secteur. Il nous faut aussi continuer à créer l’événement dans les salles et dans les festivals, trouver de nouveaux marchés et de nouveaux publics. Nous misons sur des partenaria­ts avec des plates-formes comme iTunes, ou des festivals comme ceux que nous organisons à New York et au Japon.

Votre premier choc cinématogr­aphique ?

O’Malley dans Les Aristochat­s.

La boisson parfaite pour accompagne­r un western ? Un film d’action ? Une comédie romantique ?

Le western avec un vin bio italien ou un sancerre Belle Dame de mon ami Jean-Dominique Vacheron ; le film d’action avec une bière brune ; la comédie romantique avec une coupe de champagne Drappier ou Laurent-Perrier.

Le film, avec ou sans pop-corn ?

Jamais de pop-corn ! Ni de papier qui fait du bruit. Rien dans les mains pour faciliter l’émerveille­ment, le dépaysemen­t.

Le cinéaste à qui vous pardonnez tout, même les films ratés ?

Godard.

La réplique que vous connaissez par coeur ?

« Love is a stream. It doesn’t stop »,

dite par la sublime Gena Rowlands dans Love Streams, de Cassavetes. L’acteur qui vous fait un effet boeuf ?

Jacques Dutronc dans L’important c’est d’aimer. Et plus récemment, Félix Maritaud dans Sauvage : un vrai charisme.

Le festival que vous ne manquez jamais ?

Cannes, le plus grand festival au monde, et je le dis avec d’autant plus de sérénité depuis que je parcours les festivals de la planète.

Un autre art qui vous séduit ?

La peinture. J’aurais rêvé de faire les Beaux-Arts. Etudiante, j’ai écrit un mémoire sur Malevitch et Mondrian, mes peintres favoris.

L’art qui vous résiste ?

La musique contempora­ine.

L’activité physique qui vous défoule en sortant d’une salle obscure ?

Le karaté, mais l’un des meilleurs sports reste la discussion et la dispute autour d’un film, et les tentatives épuisantes pour tenter par tous les moyens, y compris la mauvaise foi, d’avoir raison.

Un livre que vous aimeriez voir adapté au cinéma ?

Le Voyage de Marcel Grob (Futuropoli­s), la BD de Philippe Collin et Sébastien Goethals.

Les musiques de films que vous pouvez écouter en boucle ?

Celle d’Arnaud Rebotini (120 battements par minute), Orelsan

(Comment c’est loin) et, bien sûr, les musiques de Michel Legrand, à qui nous rendrons hommage en mars à New York.

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