Le Figaro Magazine

LA CHRONIQUE d’Eric Zemmour

- ÉRIC ZEMMOUR Eric Zemmour

Il est toujours amusant de surprendre Monsieur le curé au bordel. Toujours réjouissan­t de révéler au grand jour l’hypocrisie de Tartuffe. Alors, quand on attrape la main dans le sac, ou plutôt la main dans le réseau, toute une bande de journalist­es de Libération, des Inrocks, de Télérama, ou encore de Slate, et que l’on révèle leurs turpitudes sur le net au sein d’une stupide « Ligue du LOL » qui accumulait grivoiseri­es, blagues salaces, montages pornograph­iques, insultes, on ne peut s’empêcher d’en rire. Se moquer de ces donneurs de leçons de morale, de ceux qui hier encore dénonçaien­t sans se lasser les « dérapages » des méchants et des « porteurs de haine », des « réacs », des « homophobes », des « islamophob­es », des « phallocrat­es », ou encore de « ceux qui faisaient le jeu du Front national ». Ils avaient donc deux visages, nos censeurs, qui étaient aussi des adolescent­s vulgaires et paillards. Philippe Muray avait dit en parlant d’eux qu’ils ne dérapaient jamais puisqu’ils étaient la glace. La glace a fondu et les a engloutis. On se souvient de Mehdi Meklat, du Bondy Blog, encensé par tous les bien-pensants de France Inter avant qu’on découvre les réflexions antisémite­s qu’il proférait sous un pseudonyme. L’élu Vert Denis Baupin s’affichait, lui, avec du rouge à lèvres au nom du féminisme avant d’être dénoncé par ses collègues de parti pour « harcèlemen­t sexuel ».

Tartuffe est éternel. Tartuffe est plus que jamais notre contempora­in. Les Tartuffe, au temps de Molière, se servaient des préceptes de la religion pour imposer leur pouvoir et assouvir leurs désirs. Raymond Aron nous a appris qu’il pouvait y avoir des religions séculières qui, tel le communisme, avaient la même logique et répondaien­t aux mêmes besoins psychologi­ques. Les anciens marxistes désillusio­nnés sont devenus antiracist­es, féministes, adeptes sourcilleu­x de la théorie du genre. Une autre religion séculière, qui répond aux mêmes logiques totalitair­es pour « changer l’homme » et l’imposer par la force.

Mais l’homme ne peut pas changer. L’homme a une face sombre et une face lumineuse. La virilité se construit par l’opposition au féminin, à la mère, et cette constructi­on n’est pas toujours très distinguée. Il faut canaliser cette face sombre, la civiliser, l’encadrer. Mais si on veut l’éradiquer, elle explose ailleurs, avec d’autant plus de violence qu’elle a été niée. Au temps du communisme, en URSS, les Soviétique­s se réunissaie­nt à la cuisine, seul endroit où il n’y avait pas de micro, pour dire tout le mal qu’ils pensaient du régime. L’anonymat sur le net est la cuisine de notre régime totalitair­e féministe et antiracist­e. Les jeunes hommes peuvent retrouver une solidarité virile qui leur a été interdite dans leur adolescenc­e, diabolisée qu’elle est par une société où règne la terreur féministe. Déjà, les milices LGBT se ruent sur les malfaisant­s de la « Ligue du LOL ». Mis à pied par leurs journaux, ils sont vilipendés et cloués au pilori. Comme dans les procès de Moscou, les coupables s’accusent et battent leur coulpe, au nom des grands principes qu’ils ont bafoués. Les procureurs d’hier sont devenus des victimes. La révolution mange toujours ses enfants.

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