Le Figaro Magazine

EN VUE Riccardo Scamarcio

Dans « Euforia », le film de Valeria Golino, il révèle à nouveau ce mélange de légèreté et de profondeur qui le caractéris­e et fait de lui un acteur aussi populaire en Italie qu’en France.

- Clara Géliot

Pour qui s’intéresse un minimum au cinéma italien contempora­in, le visage de ce beau ténébreux aux yeux émeraude est familier. Riccardo Scamarcio, 39 ans, est une star transalpin­e dont le succès ne faiblit pas depuis 2003. Il aura suffi que Marco Tullio Giordana l’embarque dans la saga Nos meilleures années, inoubliabl­e fresque retraçant en six heures quarante ans d’histoire italienne, et qu’il poursuive sa route avec Trois mètres au-dessus du ciel (l’équivalent de La Boum en France) ou Romanzo criminale, le grand succès populaire de Michele Placido, pour que ce gamin des Pouilles devienne l’un des acteurs les plus demandés de sa génération. Résultat : à chaque fois qu’une production italienne est distribuée chez nous, les chances sont grandes de le retrouver à l’affiche.

Après Silvio et les autres, de Paolo Sorrentino et Les Estivants, dernier film de son amie franco-italienne Valeria Bruni-Tedeschi, le voilà dans Euforia, un drame dont son ex-compagne, l’actrice-réalisatri­ce Valeria Golino, lui a offert le premier rôle. Matteo est un quadra extravagan­t qui jongle avec la facilité de ceux qui ont réussi. Tout le contraire d’Ettore (incarné par le formidable Valerio Mastandrea), son frère, clown triste, introverti, qu’il est conduit à héberger. Alors que la mort rôde, la rencontre entre austérité et fantaisie se fera dans un tourbillon de tendresse et d’euphorie. « Cette histoire révèle à quel point on se forge une identité dans l’enfance et l’adolescenc­e. Le mécanisme de reconnexio­n avec cette période est ici montré à travers des petits signes, des gestes anodins ou des chansons qui apportent une nostalgie de ce qu’on est au-delà de tout ce qu’on a fait. C’est une dynamique familiale dans laquelle tout le monde peut se reconnaîtr­e.»

A l’issue de sa projection cannoise (où le film concourait, en mai dernier, dans la sélection Un certain regard), nous retrouvion­s Riccardo Scamarcio sur la terrasse du Club by Albane. Cet acteur qui parle couramment le français et l’anglais avec un timbre de voix minéral, avait l’aisance des habitués du Festival de Cannes. Il y a notamment présenté

Mon frère est fils unique, la savoureuse « dramédie » de Daniele Luchetti, Go Go Tales, du sulfureux Abel Ferrara, et Polisse, prix du jury 2011, où il campait le mari de Maïwenn. De quoi prouver que la profondeur de jeu et le pouvoir de séduction de cet homme au sourire de voyou pasolinien charment bien au-delà de ses frontières.

Il a ainsi décroché un petit rôle dans To Rome With Love,

de Woody Allen (2012), campé un impitoyabl­e et charismati­que trafiquant de drogue dans Gibraltar et pris part à la brigade culinaire de Bradley Cooper dans A vif !

Autant d’occasions, pour cet artiste instinctif et cérébral, d’approfondi­r la découverte de son art. « La dynamique du cinéma étant partout la même, tous les acteurs parlent la même langue. En bon lacanien, je considère que les comédiens jouent moins avec les mots qu’avec une énergie, des fréquences et des vibrations. » Avant de se raviser et de confier : « Mais je dois reconnaîtr­e que jouer en français est très difficile et que j’ai souffert pendant des années ! » L’histoire d’amour entre l’Italien et la France n’a pourtant jamais cessé. Pour preuve, on le retrouvera au casting des

Traducteur­s, la prochaine comédie de Régis Roinsard

(Populaire). De même préproduit-il en ce moment le remake des Infidèles, le film à sketches imaginé par Jean Dujardin et Gilles Lellouche, où il se réserve un rôle. Un projet idéal pour celui qui, dans le travail, « avoue aimer la frénésie ».

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« Euforia », de Valeria Golino (en salles le 20 février).

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