STYLE et le sur-mesure de Scavini
Chaumet a pisté les écrivains qui l’ont cité dans leurs textes et qui ont été clients de la maison. Le résultat est exposé dans la boutique éphémère installée en face du Café de Flore, à Paris.
De contraintes naissent parfois des opportunités. Alors queson adresse historique, 12, place Vendôme, vient de fermer pour travaux, Chaumet a hérité d’un pied-à-terre avantageux pendant ce chantier. C’est en effet dans un hôtel particulier appartenant au groupe LVMH (dont dépend le joaillier), au coeur de Saint-Germaindes-Prés que la marque vient de s’installer, avec une boutique au rez-de-chaussée et trois étages d’exposition. « Chaumet, grâce à Nitot, son fondateur, est très lié à la grande histoire de France en tant que joaillier attitré de Napoléon, on le sait, rappelle Claire Gannet, directrice du patrimoine. Mais la maison participe aussi à l’histoire sociale et culturelle du pays tout au long des XIXe et XXe siècles. C’est cette partie de nos archives que nous voulions explorer. Et le thème des écrivains s’est imposé avec cette adresse germanopratine. » Les recherches pour l’exposition « Brillantes écritures », inaugurée le 22 février, ont été menées au pas de course. Quatre mois seulement ont été laissés aux équipes pour éplucher les archives. « Il nous a manqué du temps pour la prospection de bijoux. Mais les pistes découvertes sont plus nombreuses que prévu. Cette exposition autour de 14 personnalités littéraires n’est qu’un début », confie la commissaire Karine Huguenaud.
La visite commence en fanfare avec un diadème naturaliste, transformable, en diamants et émeraudes, exécuté par Fossin – successeur de Nitot – vers 18301840. Ce bijou est installé en écho à divers écrits de Balzac louant le génie du joaillier. Ainsi, dans une lettre à Mme Hanska en 1833, l’auteur de La Comédie humaine écrit : « Avant que le sublime Fossin ait daigné quitter ses diadèmes, les couronnes de princes pour sertir les cailloux ramassés par votre fille, il a fallu bien prier, bien s’humilier, quitter souvent ma retraite où je suis occupé à sertir de pauvres phrases. » Musset, Mérimée, Dumas, Colette, entre autres, lui succèdent dans ce parcours qui présente aussi bien les citations d’écrivains que leurs commandes au joaillier. Dans les livres de factures des années 1890, le visiteur découvre ainsi Edmond Rostand, amoureux transi de sa femme, la poétesse Rosemonde Gérard, qu’il couvre de bijoux.
Les derniers mots sont laissés à la romancière contemporaine Véronique Ovaldé qui, pour l’occasion, a écrit une nouvelle, éditée par Flammarion et offerte à chaque visiteur. L’héroïne, Joséphine, y raconte la fascination de sa grandmère pour les bijoux en général, et une émeraude en particulier…
Inscription préalable pour la visite sur Chaumet.com/fr/ brillantes-ecritures