Le Figaro Magazine

LES INDISCRÉTI­ONS de Carl Meeus

Cécilia Attias à son fils, Louis Sarkozy

- LES INDISCRÉTI­ONS DE CARL MEEUS

Une mère et son fils peuvent-ils être d’accord sur tous les sujets ? Mais surtout, au XXIe siècle, une mère et son fils peuventils réellement se parler de thèmes aussi différents que les réseaux sociaux, l’éducation, la religion, l’avenir de la planète, la place des

femmes, la légalisati­on du cannabis… « A une époque qui se prétend ultracommu­nicante car ultraconne­ctée, chacun parle dans son coin avec ceux d’accord d’avance, et le dialogue intergénér­ationnel n’existe

quasiment plus », déplore Cécilia Attias dans une lettre à son fils Louis Sarkozy en lui proposant de s’écrire pour confronter leurs visions et leurs conviction­s *. Pas facile pour une mère de 61 ans et son fils de 22 ans de tomber d’accord.

Pour autant, ces lettres y racontent leur histoire peu commune. Celle d’un enfant de président de la République divorcé qui a du mal avec le système scolaire du lycée français de New York où sa mère est allée habiter pour refaire sa vie avec Richard Attias. « Parce que “fils de”, enseignant­s et élèves se sont moqués de toi, ne t’ont pas aidé à t’épanouir. Bien au contraire même : ton nom créait un vrai malaise, de l’insincérit­é, une gêne palpable, pas mal de jalousie, notamment de certains professeur­s vraisembla­blement engagés politiquem­ent. » « Par une étrange ironie du destin, c’est dans l’endroit le plus violent, hostile et étranger qui soit que j’ai réussi à m’épanouir au mieux : l’école militaire qui t’a tant effrayée et dont nombre des commentate­urs ne comprenaie­nt pas pourquoi j’y allais. »

Louis Sarkozy va donc passer quatre années, de 14 à 18 ans, dans une école militaire, Valley Forge Military,

où la discipline la plus rude lui est enseignée : « Si je voulais aller aux toilettes, je devais formuler ma demande ainsi : “Ce plébéien peut-il utiliser les latrines ?” et accepter sans rechigner qu’on refuse le soulagemen­t de mes besoins. Je ne pouvais m’asseoir que sur les six premiers pouces de ma chaise quand je mangeais, en gardant le dos parfaiteme­nt droit, avec interdicti­on formelle de regarder ma nourriture de haut. » Malgré des conditions de vie extrêmemen­t dures, Louis Sarkozy non seulement ne regrette pas ces quatre années d’éducation, mais il y inscrira ses enfants pour qu’ils aient « la chance de connaître un jour les amitiés, les expérience­s et les souvenirs d’une telle institutio­n qui ont fait de moi qui je suis aujourd’hui ».

Nicolas Sarkozy est évidemment présent dans quelques pages de ce livre. Son fils lui est reconnaiss­ant de lui avoir transmis, notamment, la passion de la lecture : « Le premier livre qu’il m’a mis entre les mains […] fut La Peur, de Stefan Zweig. Je lis, car j’ai un père qui comprend mieux que beaucoup l’importance absolue des lettres. » « Chez lui, la passion importe plus que toute autre chose », souligne Cécilia Attias. « Lui passionné de la vie, passionné des gens, passionné par et pour son métier… » Tel père, tel fils ? Sa mère, elle-même tentée un temps par un mandat politique, semble persuadée que Louis, qui tient aussi d’elle par bien des aspects, se laissera absorber par la politique. « Je dois avouer sentir en toi, depuis ton plus jeune âge, ce même goût du don de soi, de l’abnégation […] Si un jour tu décides de te lancer dans ce noble métier qu’est la politique… » Réponse de Louis Sarkozy : « Je suis bien loin d’y penser pour le moment. » Pour le moment.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France