“POUR LES VOYAGEURS, LE BREXIT NE CHANGERA RIEN”
Jacques Gounon est président-directeur général de Getlink, la société européenne qui gère (entre autres activités) l’infrastructure du tunnel sous la Manche. Il nous explique ici comment son groupe s’est déjà préparé au Brexit.
Même si sa mise en oeuvre est actuellement des plus floues, le Brexit figure désormais dans l’agenda politique. Comment Eurotunnel s’est-il préparé à cette échéance ?
Le Brexit est une chance pour les clients d’Eurotunnel car nous allons améliorer notre qualité de service encore plus vite que prévu. Cela fait maintenant trois ans que nous nous préparons à cette éventualité, en collaboration étroite avec les Etats français et britannique. Nous avons investi plus de 15 millions d’euros dans la transformation de nos terminaux. Nous avons créé une zone pit stop qui regroupe l’ensemble des contrôles de sûreté et de captation d’informations douanières. Nous augmentons la capacité d’accueil. Nous avons mis en place une frontière intelligente pour les camions. Nous créons des e-gates
pour les passagers des bus… Notre objectif : proposer un service aussi fluide que possible. Pour maintenir les standards de qualité qui font notre force : rapidité, simplicité, fluidité. Selon les prévisions officielles du rapport britannique « Operation Yellowhammer », en cas de « no deal », le flux de camions serait réduit de 40 à 60 % par rapport au trafic normal et il faudrait au moins six mois pour retrouver la fluidité habituelle. Qu’en pensez-vous ?
Ce rapport a été écrit par les Britanniques pour sensibiliser l’ensemble des acteurs, ce qui explique sa tonalité alarmiste. Il date de deux ans. C’était avant la mise en place de notre « plan Brexit ». Depuis, nous avons travaillé étroitement avec les deux gouvernements concernés. Nous sommes préparés au pire des scénarios, celui du no deal. Et, je vous l’assure, passé les premières semaines de rodage, nous resterons le moyen le plus rapide et le plus écologique pour traverser la Manche. Quels seront les changements qu’occasionnera le Brexit pour les clients (touristes et fret) ?
Pour les voyageurs, rien ne changera. Ils continueront de présenter leur passeport comme aujourd’hui (puisque la Grande-Bretagne n’a jamais fait partie de l’espace Schengen). Et il a été confirmé qu’aucun visa ne sera demandé malgré le Brexit. En ce qui concerne les marchandises, le passage de la douane sera modifié. Les chargeurs devront effectuer une prédéclaration douanière dans les systèmes informatiques douaniers avant que le camion de marchandises arrive à la frontière. Le reçu qui leur sera délivré sera scanné à leur arrivée sur nos terminaux. Les camions qui viendront de Grande-Bretagne seront également soumis à des contrôles complémentaires comme cela se passe déjà aujourd’hui à Roissy pour les marchandises arrivant de pays non européens. Cela représente simplement un travail administratif supplémentaire pour les chargeurs comme l’a été, dans un autre genre, la déclaration à la source. ■