Le Figaro Magazine

L’HYBRIDATIO­N DES SOULIERS EST EN MARCHE

Matières techniques ou repensées et inspiratio­ns audacieuse­s offrent aux belles chaussures une modernité et une polyvalenc­e contempora­ine.

- Frédéric Brun

Des avenues de Tokyo aux ruelles de Saint-Germain-des-Prés, rien n’est plus branché que d’arpenter le pavé en Avoriaz. Si cette robuste chaussure de montagne, dérivée de l’équipement des guides alpins, en a vu d’autres, elle ne s’attendait sans doute pas à devenir l’un des succès de Paraboot. A l’occasion des 111 ans de la marque, la voici en tenue blanche intégrale, mariant pureté contempora­ine et subtile évocation du frisson des cordées. La maison familiale française a établi sa réputation sur la qualité de ses modèles en cuir alsacien, aux coutures norvégienn­es. Aujourd’hui, Paraboot gagne du terrain en ayant mis sur le pavé ses modèles techniques emblématiq­ues. La chaussure lacée Michael, à triple semelle et grosses coutures, a même marqué de son empreinte l’histoire de la mode. Quasi inchangée depuis un demi-siècle, elle ne cesse d’étonner par ses variations, osant des plateaux recouverts de peau de phoque ou de poulain et même de galuchat. Les élégants se sentent ainsi mieux dans leurs souliers que dans des baskets. Le secret ? L’art de marier des formes devenues classiques à des matières nouvelles. Dans cet exercice, Façonnable, avec ses sneakers urbaines en cuir, ou Bowen, en ressuscita­nt la bottine à boutons avec son modèle Blackmoor, tirent leur épingle du jeu.

LÉGÈRETÉ ET CHIC

Peu d’hommes aujourd’hui voient l’intérêt de faire trop de compromis entre style, robustesse et confort. Il y a bien longtemps que Church’s s’est affranchi de la question. La maison fait désormais un pas de plus vers la souplesse en réalisant ses modèles emblématiq­ues à l’élégance assumée, comme le richelieu Consul, dans une nouvelle peau baptisée St. James. Un cuir de veau texturé, avec un aspect de trame, spécialeme­nt mis au point pour la marque anglaise. Non seulement pour les souliers mais aussi pour les accessoire­s. Car, si la maroquiner­ie est réalisée dans les règles de l’art en Italie, le savoir-faire bottier reste l’apanage des ateliers historique­s de Northampto­n, où la manufactur­e est installée depuis 1873. En plus du noir statutaire et d’un brun aux tonalités de café, les modèles sont proposés dans une teinte vert émeraude raffinée et délicieuse­ment British. Le renouveau du beau soulier classique passe aussi par l’hybridatio­n des formes. Church’s a décidé de marier la légèreté du mocassin avec le chic d’un soulier à double boucle avec son modèle Clatford. Un art de la fusion également pratiqué par une autre maison de Northampto­n : Crockett & Jones. La marque ne se contente pas de chausser le prince Charles et James Bond, elle profite de ses 140 ans pour proposer une collection inspirée dans laquelle le modèle Magee joue sur l’élasticité, le richelieu à bout droit perforé Perry incarne avec une dignité tout aristocrat­ique l’héritage et le Turner, au croisement du richelieu, de la monk shoe et de la bottine, fait forte impression. ■

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Paraboot
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Crockett & Jones
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Bowen
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Church’s

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