CONDAMNÉE D’AVANCE
Le procès truqué de Marie-Antoinette
Du livre d’Emmanuel de Waresquiel Juger la reine (Editions Tallandier, prix Combourg Chateaubriand 2017), Alain Brunard a tiré une « fiction documentaire. » Tous les faits exposés sont de la plus grande rigueur historique, la fiction leur ajoute émotion et psychologie des personnages, ce qui les rend plus faciles à comprendre. Waresquiel a pu consulter des archives inédites pour éclairer d’un jour nouveau ces trois jours et deux nuits où l’on juge, condamne et exécute la dernière reine de France. Tout autant qu’une reine, c’est une étrangère, une femme et une mère qu’on calomnie, supplicie et tue. La Révolution bascule dans la Terreur. Les bourreaux du jour deviendront les exécutés du lendemain. Abandonnée de tous, MarieAntoinette est d’un courage, d’une force et d’une grâce qui forcent l’admiration et le respect. Maud Wyler, qui l’incarne, est merveilleuse, tout comme les autres comédiens, jusqu’à la voix off de Denis Podalydès, dont le commentaire éclaire et complète les scènes présentées. Il faut regarder scrupuleusement cette époque complexe dont les passions bouillonnent encore aujourd’hui pour transmettre utilement ce qu’on en sait. C’est ce qu’ont fait Waresquiel et ses adaptateurs. Mais il faut aussi comprendre la sensibilité de l’époque, et comment Marie-Antoinette sera – comme tant de condamnés à mort de la Révolution – la victime de vengeances, guerres intestines et rivalités personnelles parmi les révolutionnaires qui finiront par s’entre-tuer. Marie-Antoinette, ils ont jugé la reine, d’Alain Brunard en avant-première sur Arte le samedi 26 octobre à 20 h 50, puis jusqu’au 29 novembre sur Arte.tv