Le Figaro Magazine

LES RENDEZ-VOUS

Dans un ouvrage irrésistib­le rédigé avec son fils Laurent, l’ancien ministre des Affaires étrangères mène l’enquête sur un génie internatio­nal du Mal.

- de J-R Van der Plaetsen

Au fond, les personnage­s de fiction sont (presque) aussi réels que nous. Tel est le point de vue de la plupart des romanciers et de leurs lecteurs. C’est aussi la conviction d’Hubert Védrine et de son fils Laurent. Pour tout dire, on imaginait l’ancien ministre des Affaires étrangères et le journalist­e de presse audiovisue­lle uniquement mus par l’esprit de sérieux, la recherche de la juste mesure, la passion de la vérité et la manie des recoupemen­ts.

Or l’on découvre, en lisant leur ouvrage intitulé Olrik : la biographie non autorisée, qu’ils ont, tels deux collégiens, le goût du canular et de la farce. Anciens scouts l’un et l’autre, grands amateurs de bandes dessinées, adeptes de l’école de la ligne claire, celle d’Hergé et de Jacobs, ils sont convaincus depuis longtemps que le créateur de Blake et Mortimer s’est inspiré, pour ses personnage­s, de modèles vivants qu’il aurait rencontrés au cours de sa vie.

OLRIK. LA BIOGRAPHIE NON AUTORISÉE, d’Hubert et Laurent Védrine,

Fayard, 225 p., 20 €.

Ils ont donc mené l’enquête pendant plusieurs mois pour retrouver la trace du véritable colonel Olrik, aventurier sans scrupules, toujours tiré à quatre épingles, sorte de génie du Mal qui sort pourtant perdant à la fin de chaque histoire. Le père et le fils se sont rendus sur tous les lieux des méfaits d’Olrik, en Europe centrale, en Chine, en Egypte, pour interroger les rares témoins qui l’auraient connu et ont survécu au nazisme et au communisme. Le résultat est irrésistib­le ! « Mon père estime que Jacobs est un génie, dit Laurent Védrine, qui nuance : Je pense que ses chefs-d’oeuvre sont dus à 95 % à son travail ! » « Notre thèse était qu’Olrik survit toujours à la fin, ajoute Hubert Védrine. Nous avons avancé sur le fil du rasoir entre la vérité historique et la fiction. » En refermant cet ouvrage, une certitude s’impose : Olrik, sorte de Sisyphe condamné au mal à perpétuité, est un personnage infiniment plus romanesque que ne le sont le capitaine Blake et le professeur Mortimer !

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“A chaque étape de notre enquête, c’est la même réaction : nos sources sont sidérées qu’Olrik ait échappé à ses ennemis, dont le nombre croissait”
La phrase du livre à retenir (p. 141) “A chaque étape de notre enquête, c’est la même réaction : nos sources sont sidérées qu’Olrik ait échappé à ses ennemis, dont le nombre croissait”
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