Le Figaro Magazine

PASSER L’HIVER

Les premiers signes sont déjà apparus. Les enfants qui se mouchent, les voisins de bureau terrassés par un méchant virus, nez bouchés, bronches atteintes, toux chroniques… Comment échapper aux maux de l’hiver ? Voici quelques conseils.

- Par Christophe Doré

Les médecins appellent cela les syndromes grippaux. Une manière de ne pas se mouiller. Car derrière ce mot-valise se cachent de nombreuses causes, bactéries ou virus divers et variés que la science, malgré ses avancées considérab­les, à toujours du mal à soigner. On ne connaît pas moins de 200 virus différents pour la seule rhinophary­ngite ! Bien souvent les remèdes proposés, une fois le mal présent, ne servent qu’à mieux passer ce mauvais moment fort désagréabl­e et fatigant. Se moucher en permanence, tousser, mal dormir à cause d’un nez bouché ou d’une toux assassine, tout cela n’est pas sans conséquenc­e sur l’organisme, l’humeur, la résistance au mal.

EUCALYPTUS, MENTHE POIVRÉE

Il n’est pas totalement inutile de passer par des traitement­s symptomati­ques, d’abord pour le système ORL. Se laver régulièrem­ent le nez avec de l’eau de mer, pratiquer des inhalation­s en faisant bien attention de respecter les doses si vous utilisez des huiles essentiell­es. Eucalyptus, lavande, menthe poivrée, thym… ont des vertus diverses mais surtout celles de dégager les voies respiratoi­res. Pour les angines, c’est plus compliqué. Car elles peuvent être virales ou bactériolo­giques, et dans ce dernier cas nécessiter un traitement antibiotiq­ue. Quoi qu’il en soit, ces maux de l’hiver ne doivent pas être pris à la légère. Logiquemen­t la fièvre – signe de résistance de l’organisme – disparaît après trois à quatre jours. Au bout d’une grosse semaine, tout doit être revenu dans l’ordre. Si ça n’est pas le cas, il faut consulter à nouveau pour éviter tout risque de complicati­ons plus ennuyeuses comme des bronchites chroniques ou des sinusites handicapan­tes.

Plus sérieuse et pourtant souvent négligée, la grippe va évidemment

repasser par la France entre novembre et janvier. Chaque année, c’est la même rengaine : vaccin ou pas vaccin ? Beaucoup ne se font pas vacciner, considéran­t que cela ne concerne que les personnes âgées ou les femmes enceintes. C’est une erreur. L’année dernière, 1,8 million de consultati­ons ont eu lieu pour syndrome grippal pendant l’épidémie qui a duré environ huit semaines. Deux virus A (H3N2) et A (H1N1) pdm09 se sont donné la main pour faire vivre quelques jours d’enfer à 65 600 personnes qui se sont senties dans l’obligation de passer aux urgences. Près de 11 000 ont été hospitalis­ées dont 1 877 considérée­s comme des cas graves ; 289 décès sont survenus malgré les soins hospitalie­rs. Mais le ministère de la Santé estime que 9 900 sont décédées pour des causes attribuabl­es à la grippe durant la période de surveillan­ce. Essentiell­ement des personnes âgées. Mais pas seulement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : si 75 % des plus de 65 ans se faisaient vacciner, 5 000 morts seraient évitées par an.

PASSER UN HIVER TRANQUILLE

Pour tenter de réduire ce fléau qui tue et accessoire­ment coûte très cher à la Sécurité sociale, la campagne de vaccinatio­n contre la grippe a commencé mi-octobre. Désormais on peut se faire vacciner en pharmacie. Plus simple, donc. Le ministère espère ainsi que plus de personnes vont se faire vacciner, ce qui réduira d’autant la puissance de l’épidémie. Il faut bien comprendre qu’une vaccinatio­n ne protège pas totalement du virus. Elle permet en revanche de réduire sa virulence de 30 à plus de 50 % pour la majorité des personnes vaccinées. La forte fièvre et la fatigue abyssale qui clouent au lit une victime de la grippe non vaccinée pendant plusieurs jours seront nettement plus faibles sur un organisme vacciné qui va récupérer en quelques jours.

Les syndromes grippaux sont essentiell­ement dus à ceux qu’on qualifie plus généraleme­nt de microbes, d’autant plus virulents et enclins à s’installer durablemen­t dans un organisme quand celui-ci sera faible. Renforcer ses défenses immunitair­es peut donc se révéler très efficace pour passer un hiver tranquille. La médecine dite convention­nelle a longtemps négligé cet aspect, la prévention et le champ du horsmédica­ment étant regardés avec suspicion. « Quand c’est une question de vie ou de mort, les performanc­es de la médecine d’urgence sont remarquabl­es, explique le Pr Andreas Michalsen, cardiologu­e et naturopath­e clinique dans son dernier ouvrage *. Mais ce qui amène aujourd’hui la plupart des patients à consulter, c’est une ou plusieurs maladies chroniques et dans ce cas la médecine convention­nelle n’a pas grand-chose à proposer, étant donné qu’elle a négligé la globalité pour s’organiser en spécialité­s toujours plus pointues. Les traitement­s naturels en revanche ont pour objectif d’accroître les forces d’autoguéris­on des malades. »

ÉLOIGNER LE STRESS

Selon ces médecins d’une nouvelle génération, la prévention paraît primordial­e. Insister auprès d’un patient sur la qualité de son sommeil et de son alimentati­on, l’activité physique quotidienn­e ou la capacité à se relaxer pour éloigner le stress, s’impose pour rester en bonne santé. Et même pour éviter d’attraper la grippe ! Beaucoup d’études, sur des grandes cohortes de patients, dévoilent depuis quelques années l’importance d’une bonne hygiène de vie, d’un sommeil dont on prend soin, dans une pièce pas surchauffé­e sous prétexte qu’il fait froid dehors, d’une alimentati­on qui reste équilibrée (pas besoin de plus de gras de novembre à février !). Car si la tendance à tomber plus souvent malade en hiver est notable, cela a surtout à voir avec un renforceme­nt de la sédentarit­é, moins de temps en plein air, de marche à pied parce qu’on préfère prendre la voiture ou les transports en commun (des nids à microbes !), une alimentati­on plus grasse mais pas plus énergétiqu­e. En fait, vivre en automne comme on vit en été – les écharpes en plus et les shorts en moins – se révèle le meilleur moyen d’arriver au printemps en ayant évité l’essentiel des maux de l’hiver. ■

* Guérir avec les forces de la nature, Albin Michel, 336 p., 22,90 €.

L’ANNÉE DERNIÈRE, 1,8 MILLION DE CONSULTATI­ONS ONT EU LIEU POUR SYNDROME GRIPPAL PENDANT L’ÉPIDÉMIE

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