PASSER L’HIVER
Les premiers signes sont déjà apparus. Les enfants qui se mouchent, les voisins de bureau terrassés par un méchant virus, nez bouchés, bronches atteintes, toux chroniques… Comment échapper aux maux de l’hiver ? Voici quelques conseils.
Les médecins appellent cela les syndromes grippaux. Une manière de ne pas se mouiller. Car derrière ce mot-valise se cachent de nombreuses causes, bactéries ou virus divers et variés que la science, malgré ses avancées considérables, à toujours du mal à soigner. On ne connaît pas moins de 200 virus différents pour la seule rhinopharyngite ! Bien souvent les remèdes proposés, une fois le mal présent, ne servent qu’à mieux passer ce mauvais moment fort désagréable et fatigant. Se moucher en permanence, tousser, mal dormir à cause d’un nez bouché ou d’une toux assassine, tout cela n’est pas sans conséquence sur l’organisme, l’humeur, la résistance au mal.
EUCALYPTUS, MENTHE POIVRÉE
Il n’est pas totalement inutile de passer par des traitements symptomatiques, d’abord pour le système ORL. Se laver régulièrement le nez avec de l’eau de mer, pratiquer des inhalations en faisant bien attention de respecter les doses si vous utilisez des huiles essentielles. Eucalyptus, lavande, menthe poivrée, thym… ont des vertus diverses mais surtout celles de dégager les voies respiratoires. Pour les angines, c’est plus compliqué. Car elles peuvent être virales ou bactériologiques, et dans ce dernier cas nécessiter un traitement antibiotique. Quoi qu’il en soit, ces maux de l’hiver ne doivent pas être pris à la légère. Logiquement la fièvre – signe de résistance de l’organisme – disparaît après trois à quatre jours. Au bout d’une grosse semaine, tout doit être revenu dans l’ordre. Si ça n’est pas le cas, il faut consulter à nouveau pour éviter tout risque de complications plus ennuyeuses comme des bronchites chroniques ou des sinusites handicapantes.
Plus sérieuse et pourtant souvent négligée, la grippe va évidemment
repasser par la France entre novembre et janvier. Chaque année, c’est la même rengaine : vaccin ou pas vaccin ? Beaucoup ne se font pas vacciner, considérant que cela ne concerne que les personnes âgées ou les femmes enceintes. C’est une erreur. L’année dernière, 1,8 million de consultations ont eu lieu pour syndrome grippal pendant l’épidémie qui a duré environ huit semaines. Deux virus A (H3N2) et A (H1N1) pdm09 se sont donné la main pour faire vivre quelques jours d’enfer à 65 600 personnes qui se sont senties dans l’obligation de passer aux urgences. Près de 11 000 ont été hospitalisées dont 1 877 considérées comme des cas graves ; 289 décès sont survenus malgré les soins hospitaliers. Mais le ministère de la Santé estime que 9 900 sont décédées pour des causes attribuables à la grippe durant la période de surveillance. Essentiellement des personnes âgées. Mais pas seulement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : si 75 % des plus de 65 ans se faisaient vacciner, 5 000 morts seraient évitées par an.
PASSER UN HIVER TRANQUILLE
Pour tenter de réduire ce fléau qui tue et accessoirement coûte très cher à la Sécurité sociale, la campagne de vaccination contre la grippe a commencé mi-octobre. Désormais on peut se faire vacciner en pharmacie. Plus simple, donc. Le ministère espère ainsi que plus de personnes vont se faire vacciner, ce qui réduira d’autant la puissance de l’épidémie. Il faut bien comprendre qu’une vaccination ne protège pas totalement du virus. Elle permet en revanche de réduire sa virulence de 30 à plus de 50 % pour la majorité des personnes vaccinées. La forte fièvre et la fatigue abyssale qui clouent au lit une victime de la grippe non vaccinée pendant plusieurs jours seront nettement plus faibles sur un organisme vacciné qui va récupérer en quelques jours.
Les syndromes grippaux sont essentiellement dus à ceux qu’on qualifie plus généralement de microbes, d’autant plus virulents et enclins à s’installer durablement dans un organisme quand celui-ci sera faible. Renforcer ses défenses immunitaires peut donc se révéler très efficace pour passer un hiver tranquille. La médecine dite conventionnelle a longtemps négligé cet aspect, la prévention et le champ du horsmédicament étant regardés avec suspicion. « Quand c’est une question de vie ou de mort, les performances de la médecine d’urgence sont remarquables, explique le Pr Andreas Michalsen, cardiologue et naturopathe clinique dans son dernier ouvrage *. Mais ce qui amène aujourd’hui la plupart des patients à consulter, c’est une ou plusieurs maladies chroniques et dans ce cas la médecine conventionnelle n’a pas grand-chose à proposer, étant donné qu’elle a négligé la globalité pour s’organiser en spécialités toujours plus pointues. Les traitements naturels en revanche ont pour objectif d’accroître les forces d’autoguérison des malades. »
ÉLOIGNER LE STRESS
Selon ces médecins d’une nouvelle génération, la prévention paraît primordiale. Insister auprès d’un patient sur la qualité de son sommeil et de son alimentation, l’activité physique quotidienne ou la capacité à se relaxer pour éloigner le stress, s’impose pour rester en bonne santé. Et même pour éviter d’attraper la grippe ! Beaucoup d’études, sur des grandes cohortes de patients, dévoilent depuis quelques années l’importance d’une bonne hygiène de vie, d’un sommeil dont on prend soin, dans une pièce pas surchauffée sous prétexte qu’il fait froid dehors, d’une alimentation qui reste équilibrée (pas besoin de plus de gras de novembre à février !). Car si la tendance à tomber plus souvent malade en hiver est notable, cela a surtout à voir avec un renforcement de la sédentarité, moins de temps en plein air, de marche à pied parce qu’on préfère prendre la voiture ou les transports en commun (des nids à microbes !), une alimentation plus grasse mais pas plus énergétique. En fait, vivre en automne comme on vit en été – les écharpes en plus et les shorts en moins – se révèle le meilleur moyen d’arriver au printemps en ayant évité l’essentiel des maux de l’hiver. ■
* Guérir avec les forces de la nature, Albin Michel, 336 p., 22,90 €.
L’ANNÉE DERNIÈRE, 1,8 MILLION DE CONSULTATIONS ONT EU LIEU POUR SYNDROME GRIPPAL PENDANT L’ÉPIDÉMIE