Le Figaro Magazine

FINE ARTS PARIS

La foire, qui présente sa troisième édition, attire cette année de nouveaux exposants (spécialist­es en tapisserie­s, objets antiques, céramiques…) à côté des experts en tableaux, dessins ou sculptures. Un mélange prometteur.

- Pierre de Boishue

Il est parfois nécessaire de changer une formule qui marche. En dépit du succès des deux premières éditions, les organisate­urs de la foire Fine Arts Paris * ont souhaité élargir leur offre en ouvrant les stands du Carrousel du Louvre à de nouveaux experts en plus de leurs habituels marchands de peintures, dessins et sculptures. Place à l’éclectisme !

« J’ai toujours cru au mélange des genres, se réjouit AmélieMarg­ot Chevalier, de la Galerie Chevalier spécialisé­e en tapisserie­s et nouvelle invitée des festivités. Cette diversité offre un autre panorama aux visiteurs. Il n’y a pas d’effet de saturation, comme cela peut être le cas lors d’un événement comme la Fiac. Autre atout : un collection­neur, qui peut nourrir une lubie pour la peinture du XVIIIe siècle, peut se laisser tenter par d’autres objets. » A coup sûr, beaucoup d’entre eux se montreront intéressés par les nombreuses splendeurs qu’elle présentera sur place.

UNE TAPISSERIE D’APRÈS VASARELY

Parmi elles, des oeuvres exceptionn­elles réalisées d’après François Boucher (estimées 85 000 €) ou VictorVasa­rely (40 000 €). Les amateurs, moins fortunés, trouveront aussi leur compte en découvrant des travaux de moindre valeur, mais tout aussi séduisants. Le grand public, lui, se contentera d’admirer l’ensemble. « Nous attendons entre 8 000 et 12 000 personnes », pronostiqu­e Bertrand Gautier, l’un des chefs d’orchestre de cette manifestat­ion, qui comptera une cinquantai­ne de profession­nels. Plusieurs marchands venus de l’étranger (EtatsUnis, Royaume-Uni, Espagne, Italie, Suisse…) feront le déplacemen­t jusqu’à Paris. Même satisfacti­on à la Galerie Gilgamesh, qui signe pareilleme­nt sa première participat­ion. Sa singularit­é : elle met à l’honneur l’archéologi­e. Sa présence constitue, selon ses représenta­nts, une excellente occasion de faire tomber un certain nombre de clichés. « Les gens croient souvent que nous présentons des objets de musée, inabordabl­es sur le plan financier, explique Daniel Lebeurrier. Or, ils peuvent trouver à partir de 1 000 € des pièces de très grande qualité. » De l’avis des observateu­rs, la

foire serait dorénavant plus courue que le Salon du collection­neur, trop pointu, et la Biennale, en perte de vitesse. « Un événement dédié aux beaux-arts ne pouvait décemment pas être réduit à la peinture et à la sculpture », confie un habitué, impatient d’arpenter les allées de cette troisième édition.

SIGNATURES ILLUSTRES

Dans ces deux discipline­s, l’offre demeure toutefois alléchante. Delacroix, Szafran, Rodin… Les signatures les plus illustres se succéderon­t encore au fil du parcours. Nul doute qu’elles seront une nouvelle fois fort courtisées par les grands collection­neurs ou les plus prestigieu­ses institutio­ns. L’an passé, la Galerie Trebosc + Van Lelyveld avait créé l’événement en vendant un important lot de sculptures, dont un bronze d’Antoine-Denis Chaudet acquis par le musée du Louvre. Comme ses collègues, Daniel Lebeurrier veille naturellem­ent à dévoiler les pièces les plus rares de sa collection. Difficile de résister à la magie et au mystère des torques – du nom de ces colliers celtes datant de plusieurs siècles avant J.-C. – qui voisineron­t avec les non moins ravissants vases et bustes grecs aux formes épurées. Lui aussi considère que les nouveaux collection­neurs, loin de privilégie­r un genre en particulie­r, apprécient désormais de faire cohabiter chez eux des antiquités et des tableaux contempora­ins. En réunissant ce casting haut de gamme, Fine Arts Paris apporte assurément sa caution à ce dialogue entre tous les styles, à travers tous les siècles. Même la céramique sera au centre de nombreuses attentions, sous l’impulsion notamment de la Galerie de Bayser. Il faudra jeter un long regard, par exemple, sur cette majestueus­e jardinière imaginée par l’artiste Paco Durrio.

FÉDÉRER LE MARCHÉ PARISIEN

« En s’ouvrant de cette façon et en accueillan­t des marchands internatio­naux, la foire s’apparente à celles de Bruxelles ou de Maastricht. Elle prend une autre ampleur », se réjouit Thibault Mandon, de la Galerie Taménaga, qui proposera une savoureuse compilatio­n de ses artistes (Buffet, Dufy, Bonnard…).

De quoi combler Bertrand Gautier et son équipe, qui ont jadis mis plusieurs années avant de faire du Salon du dessin une institutio­n incontourn­able. « Là aussi, nos objectifs consistent à surprendre par la qualité des objets et fédérer le marché parisien autour d’une manifestat­ion au service de tous », résume-t-il. L’autre force de Fine Arts Paris ? Sa conviviali­té. « J’apprécie les foires où, comme dans notre boutique, les visiteurs sont avides de découverte­s et se déplacent en famille, indique Giovanni Sarti, de la Galerie G. Sarti. Ils ne s’y rendent pas en demandant : “Quelle est la valeur de cette pièce ?” sans même l’avoir regardée. » Tout un symbole.

* Carrousel du Louvre, Paris Ier, du 13 au 17 novembre.

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« Le Moulin de la Galette » par Raoul Dufy (Galerie Taménaga). Page de droite : tapisserie « La Foire chinoise » (Galerie Chevalier).
Au milieu : lécythe aryballisq­ue à figures rouges (Galerie Gilgamesh) ; manuscrit provenant d’un livre d’heures de Maître de François de Rohan (Les Enluminure­s). Ci-dessous :
« Le Succube » par Rodin (Univers du bronze).
Page de gauche : « Le Moulin de la Galette » par Raoul Dufy (Galerie Taménaga). Page de droite : tapisserie « La Foire chinoise » (Galerie Chevalier). Au milieu : lécythe aryballisq­ue à figures rouges (Galerie Gilgamesh) ; manuscrit provenant d’un livre d’heures de Maître de François de Rohan (Les Enluminure­s). Ci-dessous : « Le Succube » par Rodin (Univers du bronze).
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