NOËL AU BALCON
Une partie des Français, ces gens si sensibles, s’est plainte du passage à l’heure d’hiver. A la radio, des « spécialistes » ont déclaré que celle-ci avait engendré plusieurs « accidents » : des piétons – qui marchent en fixant leur téléphone portable – et des automobilistes, perturbés par l’obscurité arrivant plus tôt que d’habitude, se seraient percutés. Que ne vont-ils pas dire aujourd’hui, alors que l’horloge avance de plusieurs mois ? Avant même les niaiseries d’Halloween, qui permettent aux commerçants de s’en mettre plein les poches avec une fête importée des EtatsUnis rapportant nettement plus que la traditionnelle visite au cimetière lorsqu’on parlait encore de la Toussaint (avant, seuls les fleuristes en profitaient), voici qu’en octobre, les citoyens ébahis ont vu débarquer dans leurs magasins favoris les produits et décorations de Noël. On se souvient que dans l’un de ses romans hilarants (Les Lumières du ciel), Olivier Maulin avait mis en scène deux crétins vendant des « sapins halal » sur les parkings des supermarchés de banlieue, mais son imagination délirante n’avait pas envisagé cela : Noël en octobre. Il faut alors des sapins de compétition pour tenir jusqu’au 25 décembre. Heureusement, il en existe en plastique. On pourra les installer dès la rentrée scolaire : les enfants seront ravis. La logique marchande est facétieuse et réserve ses surprises temporelles… Mais les fanatiques du camping y trouveront leur compte : fin décembre, on annonce des promos sur les tongs et les barbecues.