COMMENT MIEUX ACCOMPAGNER LES SÉNIORS VERS LE « GRAND ÂGE » ?
Alors que le gouvernement va bientôt engager une séquence sur le sujet, la Mutuelle Intégrance a récemment remis un Livre Blanc sur les questions de dépendance et de perte d’autonomie. Son président, Émeric Guillermou, nous décrypte ses principales propositions.
Vous proposez de créer un « 5e risque dépendance ». Celui-ci deviendrait un droit universel quels que soient l’âge de l’individu et les causes de sa perte d’autonomie ?
Oui car si l’on veut pérenniser notre système, c’est bien notre logiciel collectif qu’il faut repenser pour prendre en compte tous les besoins des publics, mieux les anticiper et basculer d’un regard, au mieux compassionnel, à une société bienveillante. En somme : penser universel tout en bâtissant personnalisé au profit de la personne.
89 % des Français pensent que la société n’est pas adaptée à la perte d’autonomie, mais en même temps ils ne l’anticipent que très peu. Il est urgent de construire une culture préventive du vieillissement ?
Avec l’allongement de la durée d’espérance de vie, la France comptera un tiers de personnes âgées en plus en 2030. Or 85 % des Français redoutent surtout d’être en situation de dépendance. Car vieillir dans la dignité, c’est d’abord vivre en ressentant le moins possible sa vulnérabilité. La question de la prévention est donc essentielle pour anticiper les besoins, mieux y répondre voire les éviter.
Vous insistez aussi sur l’importance de considérer la personne dépendante dans sa dimension citoyenne, en proposant des lieux de vie alternatifs ou en développant l’accès au numérique ?
Aujourd’hui comme hier, la dignité reste le curseur principal de la Mutuelle Intégrance. Et nous avons les moyens de la mesurer : respect de l’égalité, accès et adaptabilité du droit et des solutions proposées, niveau d’autonomie et qualité de vie. Pour nous, le développement de l’accessibilité numérique est un impératif de citoyenneté. Nous demandons aux pouvoirs publics la réalisation d’un audit sur l’accessibilité des sites administratifs et publics, dans l’objectif de rendre obligatoire l’accessibilité numérique à l’horizon 2024.
Alors que la France compte plus de 4,3 millions d’aidants, vous estimez qu’ils sont trop peu soutenus ?
Manque de reconnaissance, de soutien et de formation… Concilier activités professionnelles et rôle d’aidant représente un lourd investissement personnel qui peut avoir des impacts conséquents sur la santé ou la carrière professionnelle. Il est de notre responsabilité de protéger ces aidants. Il est aussi de la responsabilité de l’État d’assurer l’accompagnement professionnel des personnes malades ou en perte d’autonomie à côté de l’aidant.