Le Figaro Magazine

LA DÉPRESSION HIVERNALE : LA MISE EN LUMIÈRE

- Valérie Ferrer

Un moral en berne, des kilos qui s’accumulent, des troubles du sommeil… Et si c’était les symptômes d’une dépression hivernale ? Bien plus qu’une déprime, ce syndrome n’est pas une légende, mais une réalité reconnue par la médecine, qui affecte entre 3 et 5 % de la population et touche principale­ment les femmes. « Pour un homme concerné, trois à quatre d’entre elles le sont », constate le Dr Laurent Chneiweiss, psychiatre spécialist­e de l’anxiété et coauteur du livre En finir avec le blues de l’hiver (Marabout). Les symptômes ? Un repli sur soi, des grignotage­s compulsifs (notamment de sucre), des troubles de l’humeur, une fatigue générale et même dans les cas les plus sévères, une tristesse profonde. Bien connue des médecins, cette dépression hivernale survient généraleme­nt au mois d’octobre et dure jusqu’en mars. Plus touchées, les population­s du nord de la France et au-delà. Ainsi, les statistiqu­es révèlent-elles qu’une personne sur deux en souffrirai­t au Canada, en Islande ou encore en Scandinavi­e. Quelles en sont les causes ? Le manque de lumière ! « Le cerveau fonctionne sur un rythme de vingt-quatre heures avec des phases de sommeil et d’éveil. Lorsque les jours raccourcis­sent et que l’intensité lumineuse n’est pas suffisante, notre cycle naturel est perturbé. Cela entraîne des retards dans les phases d’endormisse­ment ayant pour conséquenc­e une perturbati­on de tous les autres rythmes de la journée. Il faut alors resynchron­iser les horloges solaire et biologique », explique Laurent Chneiweiss. Comment ? Par la luminothér­apie. « La technique consiste à s’exposer tous les jours au réveil pendant trente minutes, à 30 centimètre­s d’une lampe diffusant une lumière de 10 000 lux. Il faut savoir qu’une journée nuageuse, c’est 5 000 lux alors qu’un beau matin ensoleillé, c’est 100 000 lux », souligne le Dr Florian Ferreri, psychiatre spécialisé dans les troubles de l’humeur. Captée par notre rétine, la lumière permet de réguler notre rythme circadien. Une fois recalés, nous dormons mieux. Or, on sait que c’est pendant le sommeil que nous sécrétons la mélatonine, indispensa­ble à la régulation de l’horloge de nos organes. « Si le taux d’efficacité de la luminothér­apie est de 70 %, il n’empêche pas d’explorer d’autres pistes. Pour lutter contre la dépression hivernale, l’idéal est de pratiquer une activité physique, si possible en extérieur, d’alléger son alimentati­on de toutes les graisses saturées au profit des nutriments contenant des vitamines B et C, du magnésium et des oméga 3 et 6. Il faut aussi privilégie­r les aliments riches en tryptophan­e permettant de sécréter de la sérotonine, l’hormone du bonheur », précise Florian Ferreri, coauteur du livre Le Régime antidéprim­e (Odile Jacob). Alors, place aux légumes et fruits secs, au riz complet, aux bananes, oeufs et chocolat noir !

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