L’ÂGE CONTRE LA MACHINE
C’était en 1992. Un groupe américain nommé Rage Against the Machine (« rage contre la machine », n’est-ce pas…) décrochait le jackpot. Ces garçons très en colère, dont un chanteur à dreadlocks au look prézadiste, en voulaient méchamment au capitalisme, arboraient casquettes à étoile rouge et teeshirts à l’effigie du Che (pas Chevènement, l’autre). Cela ne les gênait pas le moins du monde de sortir leurs disques pénibles sur l’une des plus grosses multinationales de l’époque, car après tout, il faut utiliser l’ennemi pour mieux répandre le message, et si la fortune est au bout du chemin, ce ne sera qu’un dommage collatéral. La mode a rapidement tourné, et ce rap métal sonnant comme du Red Hot Chili Peppers engagé – un cauchemar, donc – est devenu très ringard. Près de trois décennies plus tard, les anciens enragés enragent à nouveau et reviennent pour participer au dégagement du président Trump en personne. Donald tremble, on s’en doute, le monde entier prévoit un cataclysme politique aux États-Unis. En Angleterre, c’est autre chose : sir Rod Stewart, dont on oublierait presque qu’il a sorti de grands albums au début des années 1970 tant il s’est englué dans la guimauve après avoir connu le succès mondial via un tube intitulé « Pensez-vous que je suis sexy ? » (réponse : non), vient de montrer pour la première fois à la presse son grand oeuvre personnel, son jardin secret : un gigantesque circuit de trains électriques ayant nécessité vingtsix ans de travail acharné. Boris Johnson ne s’est pas dit inquiet.