AU MAQUILLAGE
Le fond de teint est l’armure des gens de télé.
Voici l’heure tranquille où les chroniqueurs sont au maquillage. L’émission va commencer. Ils font les mirliflores. Dans un silence de chapelle, ils chuchotent des choses importantes. Des ragots, le plus souvent. Ils plissent les yeux. La maquilleuse leur passe une éponge grasse. C’est dégueulasse, mais ils bichent. On leur met de la poudre sur le nez ; ça change. Parce qu’ils ont bonne mine, ils se croient beaux, entourés de leurs semblables : les heureux du monde, ceux qui causent dans le poste.
Sans doute est-ce pour retrouver ces sensations que Yann Moix a interrompu une diète médiatique pourtant annoncée à grand fracas. Il replonge. Ça faisait longtemps. Le voici chroniqueur chez Naulleau. Chroniqueur ! Voilà sa gloire, son espérance et son soutien, son chant d’amour et de victoire ! Donner son avis sur tout, décharger sa bile, faire tourner des ballons sur son nez pour le plaisir du téléspectateur, telle est la joie de Yann Moix.
Il se produira dans « De quoi j’me mêle », le samedi. Cette émission est une resucée de celle de
Ruquier : Naulleau en taulier, invités en promo d’un côté, chroniqueurs de l’autre, dans un décor bleu aquarium. Déjà vu. La barbe.
Il serait d’ailleurs bon de demander à Michel Pastoureau, historien spécialiste de l’héraldique et des couleurs, pourquoi tant de décors télévisés sont bleus. Il est vrai que les invités soumis aux avis de Moix deviennent souvent verts quand ils ne voient pas rouge. Rouge, vert, bleu : les trois couleurs d’un écran. Primaires, les couleurs.
« De quoi j’me mêle », C8, le samedi à 22 h 45.