Le Figaro Magazine

LA CHRONIQUE de François d’Orcival

Le jugement rendu par les magistrats pour la tentative de meurtre de quatre policiers à Viry-Châtillon permet d’en douter.

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Ces individus ont voulu tuer vos collègues, je vous l’atteste », disait aux policiers le Premier ministre qui était alors Manuel Valls, le 10 octobre 2016, à ViryChâtil­lon. Deux jours plus tôt, le 8, deux véhicules sérigraphi­és, occupés par quatre policiers, deux hommes, deux femmes, avaient été incendiés au cocktail Molotov. Parmi les quatre, trois blessés dont un grave. « Cette agression est une abjection et ceux qui l’ont commise seront rattrapés par la justice et, je le souhaite, très vivement punis… », déclarait Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur. Celui-ci fera voter une nouvelle loi sur la légitime défense et augmentera les crédits budgétaire­s de la police. Un an plus tard, le soir du 8 octobre 2017, son successeur, Gérard Collomb, dénonce au même endroit les suites de l’affaire :

« Derrière, les choses ne suivent pas. » Un plan de recrutemen­t de 113 gardiens et de 117 adjoints est lancé dans le secteur. Entre-temps, la police a interpellé 17 jeunes gens de 16 à 21 ans qu’elle estime impliqués, et le juge en a placé 12 en détention préventive. Il faudra deux années de plus pour boucler le dossier. L’audience est ouverte le 15 octobre dernier, devant la cour d’assises d’Evry, pour sept semaines. « Jury populaire », et huis clos. Au terme des débats, le procureur général, « une magistrate chevronnée », écrit Stéphane Durand-Souffland du Figaro, requiert vingt ans de détention pour deux mineurs, vingt-cinq ans pour quatre majeurs, et trente ans pour six autres, et un mineur. Son dossier, exemplaire, paraît bien bouclé. Place aux trois jours de plaidoirie pour les accusés, puis au long délibéré. Pour finir, les trois magistrats et les six jurés acquittent cinq des treize prévenus, condamnent les huit autres de dix à vingt ans de réclusion… Est-ce sévère ? Si l’on ne se prononce pas sur ce point, on peut soutenir en tout cas que c’est bien loin des réquisitio­ns. Et même du jugement qui insistait sur le côté « intentionn­el » de la « tentative de meurtre » des policiers. « Un jugement incompréhe­nsible », réagit l’avocat de l’un des policiers blessés, Thibault de Montbrial, expert en droit pénal. Des peines « que les voyous savent lire ». Naturellem­ent, le parquet général allait faire appel de la décision. En 2016, après l’attaque de Viry-Châtillon, les policiers avaient réclamé « une vraie réponse pénale » en manifestan­t pendant quatre mois pour l’obtenir. Trois ans plus tard, ils ne manifesten­t plus, mais ils n’en pensent pas moins.

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