PATRIMOINE
Loin des frimas et des grèves qui agitent la France, certains Français ont fait le choix de s’installer à l’île Maurice. Grâce à son imposition douce, le pays séduit les actifs et les
retraités. Mais peu de programmes permettent de vivre aux côtés des Mauriciens.
Qui, un jour de grève, sous la pluie, et les bourrasques n’a rêvé de tout plaquer pour partir s’installer sous des cieux plus cléments ? Certains le font. Pour ne plus être résident fiscal en France, ils doivent passer plus de 183 jours hors de France. Mais où ? Bon nombre de candidats au départ prennent la direction du Portugal tout proche, d’autres s’envolent plus loin, à l’île Maurice. Climat, stabilité politique et sociale, imposition douce compensent l’éloignement. Et le fait d’être compris en français compte aussi !
Pour s’installer, les nouveaux résidents ont l’embarras du choix, les programmes immobiliers ne manquent pas (Azuri, Anahita, La Balise Marina, Mont Choisy, Villas Valriche, Saint Antoine, One & Only Le Saint Géran, notamment). Il est aussi possible, on le sait peu, d’obtenir la résidence fiscale mauricienne en restant locataire sous certaines conditions. On peut alors s’installer où l’on veut. Il en va tout autrement pour se construire un nid et investir dans la pierre : les étrangers doivent acheter dans des programmes conçus pour eux, à des prix plus élevés que ceux du marché local et des prestations supérieures. Pour ne pas créer des communautés séparées, une nouvelle idée a germé depuis cinq ans. « Nous avons voulu concevoir un lieu différent et créer un village où Mauriciens et étrangers habitent ensemble », explique Christine Marot, directrice générale de BlueLife, groupe qui a imaginé ce nouveau concept. Sécurisé, le domaine bâti sur d’anciennes terres sucrières, en bord de mer, s’agrandit peu à peu, il faudra encore au moins une quinzaine d’années pour le compléter. Des villas avec vue sur le golf sont actuellement en vente entre 800 000 € et 1,3 million €, des appartements à partir de 500 000 euros. En cinq ans, le resort Azuri, 200 hectares au nord-est de l’île, a réussi son pari. Doté d’une école maternelle Montessori, considéré administrativement comme une commune, il compte plus de 1 000 habitants, des retraités, mais aussi des entrepreneurs et des familles. « Chaque matin, une douzaine de minibus emmènent les enfants vers leurs écoles des villages environnants », se réjouit Isabelle de Coriolis, la dynamique Franco-Mauricienne qui anime le village et fait office de « mairesse », organisant rencontre entre habitants, marché de Noël ou distribution de cadeaux aux enfants défavorisés des alentours. Le resort abrite aussi un hôtel Radisson 4 étoiles, un spa, une salle de gym et une épicerie. Bientôt, des potagers partagés et des espaces de coworking s’y ajouteront. « Nous ne faisons pas que développer un territoire, nous restons », souligne Sophie Maingard Lagesse chez Azuri. Pour ceux qui font le choix de se déraciner à 10 000 km de leur pays, se créer un cercle d’amis est une nécessité. La décision d’une habitante expatriée, devenue veuve, de rester malgré tout sur place parce qu’elle « se sentirait plus seule » en repartant dans son pays d’origine, montre que certains ont réussi à se créer de nouvelles racines au soleil.