À L’AFFICHE et les passe-temps d’Éric Neuhoff
Commissaire de l’exposition « Giono », organisée au Mucem, elle a décroché le prix Femina de l’essai pour son livre sur l’écrivain.
Des lettres avant toute chose ! Dès sa prime jeunesse, Emmanuelle Lambert découvre la comtesse de Ségur, Marcel Pagnol et Hector Malot avant de se passionner pour Alexandre Dumas. Les années passent. Alors qu’elle prépare un travail sur Jean Genet, elle s’entend dire par Alain Robbe-Grillet, dont elle est devenue la collaboratrice : « Pourquoi n’écrivez-vous pas plutôt votre thèse sur moi ? » Réplique immédiate, pleine de drôlerie : « Il a “l’avantage” d’être mort. » Plus tard, elle dédiera au pape du nouveau roman son premier ouvrage, Mon grand écrivain. Après plusieurs romans, l’agrégée s’est attaquée à une autre plume illustre, en la personne de Jean Giono. En résulte un livre enlevé (1) sur l’auteur d’Un roi sans divertissement et du Hussard sur le toit, au fil duquel Emmanuelle Lambert évoque toutes les facettes de l’homme en y mêlant de nombreux souvenirs personnels. Elle ne se trouvait pas en terrain inconnu, étant parallèlement la commissaire de la passionnante exposition dédiée au natif de Manosque au Mucem de Marseille (2). Celle-ci offre un parcours instructif et complet réunissant une somme inédite de manuscrits et d’objets privés issus d’archives familiales ou d’institutions françaises. « À la fin de sa préparation, qui a constitué une collaboration de trois ans, j’avais besoin d’un face-à-face », note Emmanuelle Lambert, qui a remporté le prix Femina de l’essai pour cette oeuvre émouvante et profonde. Encore une page tournée. Pierre de Boishue
(1) Giono, furioso, Stock, 280 p., 18,50 €. (2) « Giono », jusqu’au 17 février 2020.