Le Figaro Magazine

HOMO RADICALUS FESTIVUS

- Paulin Césari

Merci à mes parents qui m’ont donné le goût de l’engagement et de la désobéissa­nce […]

Mon père était fanfariste, ma mère était porteuse de valises pour le FLN algérien et évidemment si je suis là devant vous, c’est un bon mélange des deux, radical et festif. » Ainsi se présente Julien Bayou, nouveau secrétaire national d’EELV. Un tel éloge de la piété filiale mérite le respect. Cette reproducti­on du modèle familial est édifiante. Peut-on imaginer plus bel éloge de la famille, de la tradition, de la filiation, de l’héritage ?

« Bon sang ne saurait mentir », nous explique le fils de famille. Mais, s’arrêter à l’éloge de ces vertus réactionna­ires serait mesquin. Julien Bayou est aussi un prophète : il annonce la venue d’un homme nouveau dans une heureuse synthèse dont il serait la préfigurat­ion. Exit « sapiens sapiens », voici venir selon l’augure « radicalus festivus ». Que l’obscurité convienne aux prophètes, certes. Mais qu’entendre au juste par « radical-festivisme » ? Devons-nous devenir des martyrs donnant ou recevant la mort, le sourire aux lèvres, le coeur en joie et le pied dansant ? Ou, inversemen­t, nous appelle-t-on à être des

« teufeurs » enragés ?

En d’autres termes : des sujets soumis à l’impératif catégorico­festif devenu l’arme de libération ultime d’une humanité dont Philipe Muray avait exhibé le credo : « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus morts. »

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