DANTON, ROBESPIERRE, SAINT-JUST ET LES AUTRES
★★ JACOBINS ! d’Alexis Corbière, Perrin, 301 p., 19 €.
Difficile de qualifier d’historien le député de La France insoumise Alexis Corbière, membre d’une famille politique qui ne cesse de dénier ce statut à des non universitaires comme Lorànt Deutsch, Stéphane Bern ou Franck Ferrand. Son essai à la gloire des Jacobins, malgré ses efforts pour le politiser et le con temporanéiser à travers neuf portraits enthousiastes, n’en est pas moins le fruit d’un travail d’historien… engagé. S’il suit classiquement les travaux de JeanClément Martin et Hervé Leuwers pour retracer, à leur avantage et au gré d’omissions coupables, les destins de Robespierre ou Danton, ses apports à la connaissance de figures jacobines méconnues sont réels : ainsi de Pauline Léon, sans-culotte groupie de Marat et fondatrice d’un club révolutionnaire exclusivement féminin ; John Oswald, Écossais rallié à la France en révolution ; ou Jean-Baptiste Belley, esclave de Gorée devenu le premier député noir de SaintDomingue. Peu écoutée, victime des rivalités entre enragés et robespierristes, la première cesse dès l’été 1794 toute activité militante ; le second est tué par les Blancs et rate la victoire des Bleus à Cholet ; le troisième se heurte au sourcilleux Toussaint Louverture et meurt alors que l’esclavage a été rétabli… Autant d’échecs qui illustrent l’incohérence et le chaos d’une révolution devenue folle au point d’oublier ses généreuses intentions. Et si jacobin était synonyme de perdant ?