SUITE ANGLAISE
ALondres, la principale gymnastique des habitants consiste à lever le bras pour héler un taxi. Il y en a partout. Ils sont noirs, hors de prix et vastes comme une salle de bal. Les autobus à impériale sont rouges, comme avant. Les fameuses cabines téléphoniques, de la même couleur, sont désertées. Leur intérieur est constellé d’autocollants pour des sites de rencontres. Shocking. Chez Harrods, le rayon épicerie du rezde-chaussée donne le tournis. Les amateurs de thés et de biscuits sont aux anges. En face, le Harry’s Bar sert un café de compétition. La Royal Academy of Arts expose les autoportraits de Lucian Freud. Ce sont les derniers jours. Cela se bouscule devant ces toiles tourmentées, déchirantes comme une craie sur un tableau noir. Les Churchill War Rooms méritent le détour. L’endroit a été préservé. On y entend le bruit des bombes. Des discours d’anthologie résonnent dans ce sous-sol où se résume le courage d’un homme et d’une nation. L’Angleterre est ce pays où les premiers ministres obtiennent le prix Nobel de littérature. Dans les librairies, on trouve peu d’auteurs francophones, à part un vieux Simenon et Adèle de Leïla Slimani (ça doit être Dans le jardin de l’ogre). Londres est une ville où les trottinettes n’encombrent pas les trottoirs et où les travaux se comptent sur les doigts de la main. Quel repos !
De retour gare du Nord, les journaux vous apprennent qu’Anne Hidalgo a des chances d’être réélue. On repart ?