Le Figaro Magazine

LE COSTUME-CRAVATE AU PLACARD ?

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Pas une semaine sans qu’un article se réjouisse de la disparitio­n du costumecra­vate ! L’industrie du casual wear s’égaye de ce nouvel ordre qui sévit en entreprise. Une marque de chinos américaine connue en fait même un argument marketing : « Pas besoin de costume pour changer le monde ». En continuant bien sûr de produire en Chine ! Il ne faudrait pas tout changer. Pour appuyer cette tendance, des noms de personnali­tés sont donnés : Bill Gates, Steve Jobs ou Sergey Brin de Google. Admettons que le costume et la cravate soient abandonnés, y compris dans les banques d’affaires, que cela signifie-t-il ? Un abandon du sens et de la profondeur. Car un costume, vêtement hautement signifiant, doit être construit, chaque matin, sur une harmonie associée à la cravate et à la chemise. Il exprime une réflexion, au moment où l’idée générale est de simplifier les discours et d’enfouir des vérités sous le tapis. La simplifica­tion de l’expression vestimenta­ire est un pan comme un autre de ce mouvement mondial d’abaissemen­t du sens. Pour libérer du « temps de cerveau humain disponible », il faudrait mieux porter un sweatshirt et un chino avachi qu’une tenue construite ! Mark Zuckerberg a dit un jour : « J’aurais l’impression de ne pas bien faire mon travail si je dépensais mon énergie sur des sujets aussi superflus. » Cela fait diablement penser aux années 1930, durant lesquelles l’avalanche de nouvelles technologi­es allait de pair avec le fameux « less is more » des moderniste­s. Ou à ces fabricants de repas

« all included » sous forme de poudres ou de barres afin de travailler plus efficaceme­nt, et plus longtemps… Sans trop de goût. Mais à quoi sert la vie si elle n’est que rationnell­e ? Le superflu, c’est le sel, le piment et tous les condiments. Car enfin, c’est du superflu bien ordonné que naît la beauté ! Apparemmen­t certains veulent vivre sans.

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