Le Figaro Magazine

L’ÉDITORIAL

- Guillaume Roquette Directeur de la rédaction du Figaro Magazine groquette@lefigaro.fr @G_Roquette

de Guillaume Roquette

Mardi, la police a évacué un camp de migrants Porte d’Aubervilli­ers, à Paris. Environ 2 000 personnes survivant dans des conditions indignes ont été « mises à l’abri » dans des lieux d’accueil divers. La routine : c’est la 60e opération de ce genre depuis 2015, et plus de 50 000 migrants ont été ainsi déplacés. Le plus souvent en pure perte car les camps se reconstitu­ent au fur et à mesure de leur démantèlem­ent. Ainsi celui de la Porte de la Chapelle, vidé de ses habitants en novembre, est en train de renaître 2 kilomètres plus loin, Porte de la Villette. Rien de surprenant à cela. L’année dernière, 130 000 nouveaux demandeurs d’asile ont officielle­ment déposé leur dossier en France, l’équivalent de la population de Limoges. Alors que le flux diminue en Europe, nous avons battu un nouveau record d’entrées. La loi asile et immigratio­n (la 28e depuis 1980 !) élaborée par Gérard Collomb et votée en 2018 – sous les sifflets de la gauche qui la trouvait trop répressive –, n’a donc aucunement endigué le flux migratoire. Tout juste a-t-elle permis au gouverneme­nt d’afficher quelques milliers de reconduite­s supplément­aires à la frontière, mais rien de probant aux yeux du député LR Guillaume Larrivé, expert de ce sujet : « Il y a eu à peine 9 000 retours forcés, alors qu’il y a au moins un demi-million de clandestin­s en France. »

Depuis quarante ans, la politique française d’immigratio­n est en pilotage automatiqu­e. Comme l’expliquait récemment l’ancien patron de la DGSE Pierre Brochand avec une lucidité rare dans la haute fonction publique, ce sont les immigrés eux-mêmes qui sont les véritables décisionna­ires, en se bornant à demander l’applicatio­n des droits auxquels ils peuvent prétendre : « Droit au regroupeme­nt familial, droit du sol, droit à la nationalit­é par mariage, “droit” à faire des études en France, et, plus récemment, droit d’asile, sans compter le droit à la régularisa­tion par lassitude (au bout de cinq ans) ou le droit d’accéder aux prestation­s de l’État providence sans condition de nationalit­é et même de légalité, etc. »

Qu’elles soient de droite, de gauche ou En marche, les majorités au pouvoir font toutes preuve du même laisserall­er. Certaines par choix idéologiqu­e, d’autres par résignatio­n, en expliquant que la pression est trop forte, que le mouvement est mondial, que c’est la faute de l’Europe, qu’on ne peut rien faire… Mais ce sont des mensonges. Et il n’est pas forcément nécessaire de monter, comme en Hongrie, des murs infranchis­sables le long de sa frontière pour limiter le nombre d’entrées sur son territoire. L’exemple du Portugal est éclairant : si le mouvement migratoire est irrépressi­ble, pourquoi ce pays enregistre-t-il 86 fois moins de demandes d’asile que la France (chiffres 2018), malgré sa proximité avec l’Afrique ? Si l’on s’en tenait au nombre d’habitants, il ne devrait y en avoir que sept fois moins. Mais les Portugais, eux, appliquent une politique de fermeté réelle avec un encadremen­t drastique des aides sociales et l’expulsion effective des clandestin­s. C’est une affaire de volonté.

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