Le Figaro Magazine

LES RENDEZ-VOUS

L’auteur du fameux « Petit traité des grandes vertus » livre une réflexion féconde sur les religions et la laïcité tandis qu’un « Cahier de l’Herne » lui est consacré.

- LES RENDEZ-VOUS DE J-R VAN DER PLAETSEN

de J-R Van der Plaetsen

Aquel moment de la vie, et pour quelles raisons, devient-on philosophe plutôt qu’écrivain ? La question se pose dans le cas d’André Comte Sponville et de Michel Onfray. Ces deux hommes, au style et au talent de plume incontesta­bles, ont en effet pris le parti de s’aventurer sur les territoire­s arides de l’esprit plutôt que dans les contrées luxuriante­s de l’émotion – le premier ayant fait le choix de la précision et de la sobriété dans l’expression écrite, le second s’autorisant des incursions dans le domaine de la poésie, et se nourrissan­t de la colère, qui naît souvent chez lui du sentiment d’injustice. La pensée de Comte-Sponville, dont le Petit traité des grandes vertus est devenu un classique, a été formée par la lecture de Montaigne, Spinoza, Pascal et Alain. En d’autres termes, c’est un homme qui a le goût de la mesure, et donc un philosophe idéal pour temps difficiles. L’ouvrage qu’il vient de publier sur Alain est un ma« J’AI CRU QUE C’ÉTAIT UN HOMME », d’André Comte-Sponville, L’Herne, 120 p., 8 €. Lire aussi le Cahier de l’Herne qui lui est consacré. nuel à lire d’urgence, un vade-mecum à glisser dans sa poche de veste. Il y est question des religions révélées, de la laïcité et de l’antisémiti­sme – trois sujets qui font chaque jour les titres des journaux français. Comme Alain, l’auteur se dit athée, mais un « athée fidèle ». C’est-à-dire un homme qui accepte les enseigneme­nts du christiani­sme. « Je suis né dans le catholicis­me et je lui en garde une immense gratitude, dit-il.

Car le christiani­sme est un sillon de lumière. »

Que reste-t-il de l’Occident chrétien quand celui-ci a perdu la foi ? « Il reste la morale – qui est une fidélité commune aux vertus du judéo-christiani­sme », répond Comte-Sponville, ajoutant : « À mon sens, notre civilisati­on est aujourd’hui davantage menacée par un danger intérieur, qui est le nihilisme, que par ce danger extérieur qu’est l’islamisme radical. » On l’aura compris : la philosophi­e de la vertu de Comte-Sponville peut servir de boussole intime en cette époque qui perd si souvent le nord.

“Être laïque, ce n’est pas une raison pour mépriser les religions, ni pour rester sourd à ce qu’à leur façon – poétique, métaphoriq­ue – elles enseignent”

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La phrase du livre à retenir (p. 76)
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