Le Figaro Magazine

LES CLÉS POUR COMPRENDRE

La Chine tente d’endiguer l’épidémie liée au nouveau virus qui a déjà atteint plusieurs pays dont la France et l’Allemagne.

- Par Cyril Hofstein

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UN VIRUS INCONNU VENU DU MONDE ANIMAL

Depuis son apparition brutale dans l’immense ville de Wuhan, dans la province du Hubei, au coeur de la Chine, au début du mois de janvier, une nouvelle souche de coronaviru­s contagieus­e et transmissi­ble à l’homme, baptisée virus 2019-nCoV, a provoqué une mobilisati­on sans précédent en Chine et dans le monde entier.

Si le patient zéro a bien été identifié – un premier malade apparemmen­t contaminé par des membres de sa famille qui s’étaient rendus à Wuhan, selon la revue britanniqu­e The Lancet du 24 janvier –, de nombreux experts internatio­naux tentent actuelleme­nt d’identifier avec précision le réservoir animal dont pourrait provenir l’épidémie. « Parmi les hypothèses les plus sérieuses, précise Bernard Vallat, directeur général honoraire de l’Organisati­on mondiale de la santé animale (OIE), un consensus me laisse croire que le coronaviru­s auquel nous faisons face actuelleme­nt viendrait initialeme­nt d’une chauve-souris qui pourrait en être le porteur sain. Il serait ensuite passé à l’homme avec le relais probable d’un mammifère domestique ou sauvage vendu sur un marché de la ville d’où est partie l’épidémie. »

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LA CHINE, RÉSERVOIR MONDIAL DE VIRUS ?

En février 2003, l’apparition du virus du sras, à l’origine d’une pneumonie atypique dans la région de Canton, sème la panique jusqu’en Europe. Très vite, ce virus jusqu’ici inconnu atteint Hongkong, Hanoï puis le Canada. Peut-être endémique de la province du Guangdong, en Chine, le sras a touché en six mois, une trentaine de pays et infecté près de 10 000 personnes. Une épidémie qui a fait 774 morts dans le monde, selon le bilan dressé par l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS), et coûté quelque 54 milliards de dollars (49 milliards d’euros). En 2019, c’est à nouveau de Chine qu’émerge un nouveau virus. Est-ce un hasard ? « Il est tout à fait probable que certaines habitudes alimentair­es des Chinois, ainsi que la présence d’animaux domestique­s et sauvages vivants sur les marchés, comme des civettes, des serpents et des chauves-souris notamment, peuvent constituer d’importants foyers d’agents pathogènes pour les humains, précise Bernard Vallat. Mais le coronaviru­s du syndrome respiratoi­re du Moyen-Orient (MERSCoV), découvert en 2012 et provoquant un symptôme de pneumonie aiguë est apparu, lui, dans la péninsule arabique. »

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COMMENT CONTENIR L’ÉPIDÉMIE ?

À l’inverse de l’omerta des autorités chinoises au début de l’épidémie de sras en 2003, la Chine s’est engagée cette fois dans une bataille ouverte pour tenter d’endiguer l’extension de la contaminat­ion du coronaviru­s. Après avoir placé la ville de Wuhan en quarantain­e, elle a également recommandé à ses ressortiss­ants de reporter leurs projets de voyages à l’étranger. Cependant, la pneumonie virale a déjà fait plus d’une centaine de morts en Chine, et plusieurs milliers de cas de contaminat­ion ont été confirmés. Plus d’une cinquantai­ne d’autres malades ont été répertorié­s dans le reste du monde entre le 28 et le 29 janvier dernier et une douzaine de pays ont été atteints par le virus, de l’Asie et l’Australie à l’Europe et à l’Amérique du Nord en passant par la France. « Le confinemen­t et la quarantain­e ont déjà fait leurs preuves par le passé, assure Bernard Vallat. C’est de loin la meilleure méthode pour éviter toute propagatio­n. Le traitement est pour l’instant symptomati­que, et seul l’isolement des malades pourra éteindre la souche virale. Sauf si, d’ici là, le virus mute, devient plus pathogène et passe au travers des outils de diagnostic. »

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