de J-R Van der Plaetsen
Menacé de mort par les islamistes, mais toujours combatif, le philosophe rappelle, dans un livre admirable, l’apport déterminant des saints et des héros à notre civilisation.
Robert Redeker ne craint pas de dire leurs quatre vérités à ses contemporains. Ce désir de franchise, qui va souvent de pair avec une disposition au courage, aurait pu lui coûter cher : il y a quinze ans, il a reçu des menaces de mort par centaines après une célèbre tribune parue dans Le Figaro. Il y constatait les atteintes à la liberté d’expression dès qu’il est question de l’islam en France. L’existence de Redeker en a été bouleversée, puisqu’il s’est vu contraint du jour au lendemain de cesser d’enseigner, et de vivre sous protection policière. Et c’est ainsi que sort de son lit le cours tranquille d’une vie – et qu’un paisible universitaire retiré dans la banlieue de Toulouse se mue en combattant des idées.
Redeker est aujourd’hui sorti de cette tourmente. Mais ce philosophe né de parents allemands naturalisés français, catholique pratiquant, marqué par Heidegger (il garde toujours un exemplaire de
“Le héros et le saint véhiculent des conceptions de l’homme et du monde dont la culture contemporaine ne veut plus entendre parler”
La phrase du livre à retenir (p. 184-185)
LES SENTINELLES D’HUMANITÉ, de Robert Redeker, Desclée de Brouwer,
290 p., 19,90 €.
Méditation à la main), poursuit son étude de notre psychologie collective. Les Sentinelles d’humanité, son nouvel essai, dont le beau titre ne dit pas toute la portée, a été rédigé avec une sorte d’urgence intime, issue de la sidération de l’auteur devant le sacrifice du colonel Arnaud Beltrame. Redeker y montre pourquoi, et comment, la pensée dominante s’est efforcée depuis un demisiècle d’expulser de notre culture et de notre imaginaire, en faisant porter le soupçon sur leurs idéaux et leurs vertus, les figures du héros et du saint, pourtant fondatrices de notre civilisation.
« Il suffit d’étudier la vie de Jeanne d’Arc, à la fois héroïne et sainte, pour comprendre qu’un monde invisible existe », dit l’auteur, ajoutant : « Et c’est de ce monde invisible que surgiront les héros et les saints qui nous sauveront lorsqu’il le faudra. » À lire Redeker, on pressent que la foi du philosophe peut être aussi puissante que celle du charbonnier. Tout n’est donc peut-être pas perdu…