ÉPHÉMÉRIDE
Les semaines n’en finissent pas. Elles sont bourrées de jours à craquer. Il faut courir. Paris est un manège. C’est la ville au monde où il y a le plus de cinémas. Le tout est de ne pas se tromper de salle. Il serait dommage de pousser la porte de celle qui projette un favori des César. Les trottoirs sont des scènes de théâtre ; les passages cloutés ressemblent à des défilés de mode. Les pattes d’éléphant reviennent. Seulement chez les femmes : cela leur va bien. On dit pantalons trompette. L’expression est rigolote. Le prêt-à-porter souligne le temps qui passe, traduit l’humeur d’une saison.
Le Lambeau de Philippe Lançon est sorti en « Folio ». Cela donne envie de relire Proust et les Lettres à Milena. Le 7 janvier 2015 paraît déjà si loin. « Je suis Charlus ». Les éboueurs sont en grève. Des tas d’ordures s’élèvent contre les façades. On dirait des installations de Christo. Alexandre Zhu expose rue des Beaux-Arts. Ces oeuvres au fusain sautent au visage. Elles ont un faux air de photographies en noir et blanc, représentent des blocs géométriques, des drapeaux déployés dont on ne sait s’ils célèbrent une victoire ou saluent la plus terrible des défaites. L’artiste possède un talent singulier, hors des sentiers battus. Il a 25 ans. L’avenir est sa résidence secondaire. En attendant, on écoutera le pianiste Bill Evans pour se consoler de la mort de Kirk Douglas. Les indomptés se sentent de plus en plus seuls.