Le Figaro Magazine

REDÉCOUVRI­R LE VIYELLA

- LA BONNE MESURE DU TAILLEUR SCAVINI

Aujourd’hui, les matières modernes permettent, en conservant souplesse et légèreté, d’avoir vraiment chaud. Uniqlo surfe sur cette vague avec sa ligne de sous-vêtements Heattech. Habitués à la rudesse de l’hiver, les Anglais ont toujours été attentifs aux différente­s avancées techniques permettant de ne pas avoir froid. C’est ainsi qu’en 1893, la filature William Hollins & Co. développa un mélange composé à 55 % de laine mérinos et à 45 % de coton à fibres longues, très soyeuses. Ce très beau blend, mais aussi le tissu qui en dériva, prit le nom de Viyella. Première marque textile déposée au monde ! Cette matière qui fit alors florès était prisée pour les pyjamas, les robes de chambre et surtout les chemises. Les années 1970 entamèrent un peu son prestige mais avec le retour en grâce à la fin des années 1980 du style classique (Laura Ashley, Ralph Lauren et d’autres), le Viyella revint sur le devant de la scène. Il plaisait pour son aspect vintage, avec son fond blanc cassé dû à la laine qu’on ne sait pas totalement blanchir. L’armure sergé ou chevron lui conférait par ailleurs une plasticité et un moelleux particulie­r. Souvent, le Viyella était carroyé. Un carreau composé de fines rayures horizontal­es et verticales régulièrem­ent espacées, le plus souvent de deux couleurs alternées, plutôt foncées sur un fond clair. Cette compositio­n un peu campagnard­e s’appelle « tattersall », du nom d’un marché aux chevaux londonien créé en 1766. On y vendait des tapis de selle avec ce motif. Dans les années 1950, vestes et gilets arboraient ce joli tattersall, que seules les chemises mettent encore en avant. Au rayon casual, il s’est taillé une place de choix, quand le Viyella, lui, a disparu sur l’autel de la modernité.

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