Les Alpes, le nouvel eldorado des investisseurs immobiliers,
Le temps des mini-studios-cabines pouvant accueillir une famille entière de skieurs est révolu. Aujourd’hui, les acheteurs plébiscitent les appartements offrant grandes surfaces et beaux volumes, tandis que les prix flambent
Dans les massifs alpins, les pylônes des remontées mécaniques voisinent avec les mâts des grues de construction : après plusieurs années d’absence, les promoteurs investissent à nouveau les stations de ski pour répondre à une forte demande des acquéreurs avides de grands appartements, de 100 à 200, voire 300 m². « La consommation du ski a changé : aujourd’hui, on n’a plus envie de passer toute sa journée sur les pistes, on souhaite aussi profiter d’un logement spacieux et confortable », constate Benjamin Berger, directeur général des agences immobilières Cimalpes.
Les programmes en cours de commercialisation se composent généralement de quelques « gros » chalets accueillant chacun une poignée de logements, parfois complétés par un ou deux chalets individuels. L’offre est abondante à Megève, où 400 appartements neufs devraient être livrés en deux ans, à Courchevel 1550 et 1650 et à Méribel Village. Ailleurs, le neuf est moins présent en raison d’un foncier onéreux, comme à Courchevel 1850, ou très rare. Ainsi, à Chamonix ou sur les hauteurs de Méribel, dans les secteurs du Belvédère et du Rond-Point, les promoteurs n’ont souvent pas d’autre choix que d’acheter des bâtiments pour les détruire ou les réhabiliter.
DES ACQUÉREURS EXIGEANTS
Les acheteurs veulent un grand niveau de confort : des chambres « en suite », un espace détente (jacuzzi, hammam ou sauna), une, voire deux places de parking, des espaces extérieurs (balcon ou terrasse), un ski room confortable et une cave pour ranger ses affaires personnelles lorsque l’appartement est loué. La demande est particulièrement forte sur les « chalets sur le toit », en dernier étage. « Séjour cathédrale, cheminée, vue dégagée : on retrouve tous les avantages d’un chalet sans les inconvénients », explique Charles-Antoine Sialelli, directeur Alpes chez Athena Advisers.
DES BUDGETS DE PLUSIEURS
MILLIONS D’EUROS
Le niveau des prix pratiqués est à la hauteur des exigences des investisseurs. À Megève, les programmes neufs sont commercialisés entre 14 000 et 15 000 €/ m², avec des pointes à 18 000 €/m² pour les emplacements « premium ». Un appartement de 138 m² avec 4 chambres et 4 salles de bains dans l’un des deux chalets du programme Gypaète au pied de la télécabine du Chamois vous coûtera près de 3 M €. Située sur l’autre versant, la discrète station de Saint-Gervais Mont-Blanc (ex-Saint-Gervais-lesBains) est plus abordable : les programmes neufs proches de la télécabine menant aux pistes du Bettex et du mont d’Arbois sont accessibles entre 5 000 et 6 000 €/m². À quelques kilomètres de là, comptez de 7 000 à 8 000€/m² pour poser vos skis aux Houches et de 10 000 à 12 000 €/m² à Chamonix. Plus au sud, en Savoie, les prix des stations du domaine skiable des Trois Vallées atteignent des sommets. Le promoteur Cogeco propose à Courchevel Village (1550), Alpamayor un programme de 10 appartements de 875 000 à 1,9 M€ et de 7 chalets de 2 à 3,2 M €. Des tarifs qui n’effraient pas les acheteurs. « En général, les premiers lots qui partent sont les plus grands et les plus chers », témoigne Mathilde Goutille, en charge du marketing chez Cogeco. À Courchevel 1850, Athena Advisers commercialise sur le front de neige le Manali Lodge. Ce luxueux programme, qui compte 18 logements, dispose de vastes pièces de réception et d’une piscine. Au dernier étage, le plus grand lot (277 m² avec 6 chambres et une terrasse panoramique de 100 m²) coûte 8,1 M €. Méribel affiche des prix à la hauteur de sa réputation internationale : entre 25 000 et 30 000 €/m². Le groupe Vallat y commercialise, dans le quartier du Belvédère, un programme aux prestations dignes d’un palace (ski room de 400 m² où les résidents pourront louer et faire entretenir leur matériel, espace détente de 800 m² avec une piscine de 25 m et un spa, une salle de billard, une salle de jeux, un bar, un business center et une conciergerie). Ce programme comprend 7 chalets collectifs de 9 et à 10 appartements de 100 à 450 m² (entre 2,1 à 17 M €) et un chalet individuel de 550 m² directement relié à l’espace détente (22 M €).
LES LOCATIONS SAISONNIÈRES
POUR RENTABILISER
Pour rentabiliser leur investissement, la majorité des acheteurs n’hésitent pas à donner leur bien en location pour des prix pouvant s’établir entre 10 000 à 50 000 €/semaine. Les propriétaires optent généralement pour le statut de loueur en meublé non professionnel et la récupération de la TVA à 20 % payée lors de l’achat du bien. « Pour cela, ils doivent louer leur bien la moitié de l’année et offrir aux locataires au moins trois de ces quatre services parahôteliers : le ménage, l’accueil, le linge de maison et le petit déjeuner », explique Charles-Antoine Sialelli. De quoi bénéficier d’une fiscalité plus douce. ■