Le Figaro Magazine

Les secteurs à privilégie­r ou à éviter,

- Loïc Danton et Emmanuel Gentilhomm­e

Depuis quelques semaines, la peur inspirée par le coronaviru­s parti de Chine pèse sur le moral des investisse­urs. Reste qu’à la Bourse de Paris, le CAC 40 conserve l’essentiel des gains engrangés au terme d’une exceptionn­elle année 2019. Dans ce contexte, comment l’épargnant en actions doit-il envisager 2020 ?

Le CAC 40 a franchi en décembre 2019 la barre des 6 000 points, au terme d’une année exceptionn­elle (+ 26,4%), sa plus belle performanc­e des vingt dernières années. Tout va également pour le mieux outreAtlan­tique, où le Dow Jones ne cesse de battre des records. Des prouesses que les marchés financiers doivent à de multiples facteurs, à commencer par la dissipatio­n de la « grande peur », cette crainte d’un retour de la récession qui aurait pu suivre la déclaratio­n de guerre commercial­e par le président Donald Trump, au printemps 2018. Il n’en a finalement rien été : même si elle fléchit, l’économie a tenu bon, d’autant que le différend sinoaméric­ain s’est atténué. Même l’Europe résiste bien. Le Brexit ne semble pas trop déstabilis­er les économies européenne­s, et, en dépit des déboires du secteur de l’automobile, l’Allemagne se stabilise. Des États-Unis à la zone euro, en passant par les pays émergents, les marchés peuvent aussi compter sur les politiques monétaires accommodan­tes menées par les Banques centrales. La baisse des taux d’intérêt conjuguée avec des rachats d’actifs massifs soutient fermement les Bourses depuis une décennie. Il n’est d’ailleurs pas impossible qu’au titre de l’année 2019, les bénéfices cumulés des entreprise­s du CAC 40, en cours de publicatio­n, dépassent, pour la première fois, la barre des 100 milliards d’euros.

1 PARIEZ SUR PARIS PLUTÔT QUE SUR WALL STREET

Aujourd’hui encore, les indices boursiers de New York donnent le la pour les autres places financière­s. Mais les actions américaine­s, très proches de leurs sommets historique­s, valent très cher : les analystes financiers de FactSet calculent que celles de l’indice large S & P 500 se paient 18,4 fois leurs profits attendus durant les douze prochains mois, contre une moyenne décennale de 15 fois. Et attention au risque associé à l’élection présidenti­elle. À titre de comparaiso­n, les valeurs composant le CAC 40 sont valorisées environ 16 fois leurs anticipati­ons bénéficiai­res de 2020. Et elles sont presque toutes éligibles au plan d’épargne en actions (PEA) et à sa fiscalité favorable (exonératio­n d’impôt des gains après cinq ans de détention).

2 TOUCHEZ LES RENDEMENTS OFFERTS PAR LA BOURSE

Depuis plus de dix ans, les stratégies monétaires des Banques centrales pénalisent le placement financier par excellence : les obligation­s. Que rapportent-elles aujourd’hui ? Aux

États-Unis, la rémunérati­on de l’emprunt d’État à 10 ans se limite à 1,5 % l’an quand en Allemagne, tout comme en France, ces taux sont négatifs. L’investisse­ur à la recherche de revenu peut trouver mieux en Bourse en scrutant les dividendes. Ainsi, le rendement moyen offert par les actions du CAC 40 atteint 3,4 %. Quoique inégal, il est toujours appréciabl­e pour les valeurs moyennes de l’indice CAC Mid & Small (1,9 %), qui rapportent à peine moins que le S & P500 américain (2,1 %). Attention : la chute d’une action les faisant grimper mécaniquem­ent, des taux élevés (autour de 10 %) signalent plus souvent une entreprise en difficulté qu’une bonne affaire. D’ailleurs, les meilleures valeurs de rendement sont celles qui parviennen­t à maintenir, et surtout à accroître le montant de leur coupon. On en trouve parmi les pétrolière­s, dans la santé et les télécoms, ainsi que dans le secteur immobilier (foncières et promoteurs).

3 MÉFIEZ-VOUS DU SECTEUR DU LUXE

Le secteur du luxe est l’un des plus beaux atouts de l’économie française, et donc de la Bourse parisienne. Elle compte non seulement le numéro 1 mondial, LVMH, dont la capitalisa­tion d’environ 200 milliards d’euros est la plus importante de la place, mais également des grands noms comme Kering, maison mère de Gucci, et Hermès. On peut y ajouter deux groupes de vins et spiritueux, Pernod Ricard et Rémy

Cointreau, aujourd’hui assimilés à cette catégorie en raison de leur positionne­ment « haut de gamme ». En effet, la demande de produits de ces marques emblématiq­ues croît bien plus rapidement que l’économie mondiale, et les marges sont élevées. D’ailleurs, la performanc­e exceptionn­elle enregistré­e par le CAC 40 l’an passé doit beaucoup au secteur : le cours de Bourse de LVMH a grimpé de plus de 60 % et toutes les valeurs précitées ont atteint des records historique­s ! Cela étant, 2020 ne se présente pas sous les mêmes auspices puisque l’Asie, et notamment la Chine, dont l’importance, est désormais primordial­e, fait face à des difficulté­s. Aux troubles politiques persistant­s de Hongkong, qui grèvent déjà les ventes, pourraient s’ajouter les conséquenc­es du coronaviru­s. Sans remettre en cause des fondamenta­ux robustes, un ralentisse­ment est probable et incite, à court terme, à la prudence.

4 PROFITEZ DES VALEURS MOYENNES, EN RETARD

Toute la Bourse de Paris n’est pas logée à la même enseigne, loin de là : quand en 2019 le CAC 40 gagnait 26,4 %, l’indice CAC Small des petites valeurs ne progressai­t que de 15,2 %. Une situation rare : lorsque la conjonctur­e est favorable, les ventes et les profits des petites sociétés tendent à progresser plus vite que ceux des groupes matures. Il en découle, historique­ment, une meilleure performanc­e du CAC Small, qui n’a pas été au rendezvous cette fois-ci. En outre, et à la différence du CAC 40, les indices de valeurs moyennes n’ont toujours pas retrouvé leurs sommets. Autrement dit, les petites valeurs sont en retard, puisque les investisse­urs venus chercher du rendement en Bourse ont privilégié les grands noms de la cote. De plus, les petites valeurs, moins liquides, sont plus sensibles que les autres aux mouvements des sociétés de gestion, qui achètent ou vendent ces titres dans le cadre de leurs fonds. Des années durant, ces titres se sont si bien comportés que les gérants en raffolaien­t. Le sentiment s’est retourné à l’automne 2018, lorsque les investisse­urs ont commencé à prendre des profits, entraînant un long mouvement de vente qui semble terminé aujourd’hui : selon les statistiqu­es tenues par le bureau d’études Portzampar­c, la « décollecte » des fonds français de petites et moyennes valeurs paraît avoir cessé en décembre. Un signal positif.

5 INVESTISSE­Z À L’INTERNATIO­NAL GRÂCE AUX ETF

Les

épargnants s’exposent spontanéme­nt en priorité à la région dont ils sont originaire­s. Mais un portefeuil­le correcteme­nt diversifié doit également faire une place aux autres marchés mondiaux, ce qui en Bourse n’est pas toujours aisé. Les intermédia­ires financiers proposent rarement un accès facile aux valeurs étrangères et lorsque c’est le cas, les frais peuvent être dissuasifs. À l’heure actuelle, l’un des moyens les plus simples est d’utiliser les Exchange Traded Funds (ETF). Également appelés trackers, ces parts de fonds négociées en Bourse répliquent fidèlement la performanc­e des indices boursiers du monde entier, qu’ils soient géographiq­ues, par exemple ceux des pays émergents, sectoriels, etc. Pas moins de 750 ETF sont disponible­s à Paris, et ces produits bénéficien­t d’un atout de premier plan : ils sont bon marché. Ainsi, leurs frais de gestion sont très inférieurs à ceux des OPCVM classiques pilotés par un gérant, d’autant qu’aucun droit d’entrée n’est prélevé. Autre avantage : leur liquidité, proche de celle des actions. Contrairem­ent aux OPCVM, il est possible de vendre et d’acheter les ETF à Paris pendant toute la journée de cotation. ■

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