Les boutons font la mancHe
Une légende raconte que Napoléon aurait fait placer une rangée de boutons en bas des manches de l’uniforme de ses soldats pour éviter qu’ils s’y mouchent. Faux. Un portrait de Louis XIII, âgé de 10 ans, montre clairement un bas de manche à cinq gros boutons en ligne, comme aujourd’hui. L’habit aristocratique des époques postérieures présente plutôt des revers à boutons décoratifs placés en pourtour. Un habit de drap conservé au Musée Galliera et daté de 1660-1675 en donne l’explication : ils servent à tenir le revers plaqué vers le haut. La plupart du temps toutefois, leur présence est seulement décorative, comme c’est le cas, du reste actuellement, sur de nombreuses vestes contemporaines où les boutonnières ne sont même pas percées. Longtemps, la tentation fut grande pour les tailleurs de ne rien mettre. Cela évitait un travail supplémentaire : couper la manche avec une fente, s’atteler à un montage plus complexe, payer une boutonniériste…
Tout au long du
XIXe siècle, l’habit noir bourgeois révèle, à cet endroit, soit un simple galon satiné, soit un ou deux faux boutons. Avant la Seconde Guerre mondiale, les tailleurs plaçaient généralement un à deux boutons factices très proches du bas de manche. Seuls de rares grands tailleurs en positionnaient des vrais. En fait, il faut attendre les années 1980 pour que des boutonnières réelles et fonctionnelles se généralisent. C’est probablement le beau prêt-à-porter italien, en copiant les meilleures pratiques tailleur, qui a imposé ce standard. De nos jours, il semble que quatre boutonnières soient la norme. Sur la belle qualité, elles sont ouvrables. Trois sont admissibles et cinq, presque grotesques. Les plus snobs aiment montrer que ce sont des vraies, en déboutonnant la première.