Le Figaro Magazine

Les reNdez-vous de J-R Van der Plaetsen

Dans un précieux recueil de souvenirs, d’où émane la nostalgie d’une certaine France, il brosse les portraits des hommes et des femmes qui gravitaien­t dans l’entourage familial.

- les rendez-vous de J-r van der plaetsen

Il parle comme les membres de la jet-set qu’il a fréquentés sa vie durant, avec une pointe d’accent flûté, et se souvient du moindre détail lorsqu’il s’agit d’une première au concert, à l’opéra ou au théâtre. Parfois, il laisse échapper une fantaisie sur les personnes qu’il a connues, et l’on croirait alors entendre André Malraux qui goûtait tant les êtres et les univers farfelus. Lui, c’est Alain, le neveu d’André, fils de roland, mort en déportatio­n pour faits de résistance. À la fin de la guerre, André épousera Madeleine, sa belle-soeur devenue veuve, et adoptera Alain, qu’il traitera comme ses deux fils, Gauthier et Vincent.

Parvenu à l’âge où l’on éprouve le besoin de graver ses souvenirs, Alain Malraux a entrepris de portraitur­er les hommes et les femmes qui gravitaien­t dans son entourage. Voici donc romain Gary et Manès sperber, Maurice schumann et Colette de Jouvenel, Jacqueline Kennedy et Françoise sagan : toute une galaxie

“À chaque repas dominical pris avec lui, enfant,

je consultais André Malraux comme un dictionnai­re”

AU PASSAGE DES GRELOTS, d’Alain Malraux, larousse,

305 p., 18,95 €.

d’êtres courageux, talentueux, généreux, précieux ou ténébreux. Certains de ces portraits, tels ceux de Victoria Ocampo, Lise Deharme ou Florence Malraux, sont de grande inspiratio­n. rempli d’informatio­ns et d’anecdotes inédites, ce livre est à ranger à côté des Mémorables de Martin du Gard. C’est dire la valeur de témoignage de ce recueil où l’auteur apparaît finalement peu. « C’est que, dit-il, je n’ai pas une idée gigantesqu­e de ma personne. »

En revanche, l’ombre de Malraux recouvre ces pages. On y constate sa froideur avec les siens, mais aussi son courage et sa dignité face aux épreuves – notamment la mort tragique de ses deux fils, ainsi que de leur mère, Josette Clotis. « Malraux était incapable d’une marque d’amour, dit l’auteur. Mais il aimait discourir lors de nos dîners en famille arrosés au Petrus. Tandis que ma mère se contentait d’un verre, il remplissai­t sans fin le sien et le mien. » C’est sans doute la raison pour laquelle Alain Malraux ne boit plus que du vin blanc...

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La phrase du livre à retenir (p. 131)
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