à L’aFFiChe et les passe-temps d’Éric Neuhoff
La comédienne signe un superbe roman « russe » sur une famille cosaque émigrée en France après 1917 et plongée dans les tourbillons de l’histoire de son pays d’accueil.
Pour sa sixième édition, en cette année des « saisons russes », le festival du film russe de Paris (1) s’est trouvé une marraine de choix : Macha Méril. entre une soirée hommage à sergueï bodrov (Le Prisonnier du Caucase, Mongol…), une présentation (en sa présence) de l’oeuvre d’alexandre sokourov (Moloch, L’Arche russe…), des projections de films en compétition sous l’arbitrage d’emmanuel carrère et une carte blanche à Mosfilm, la comédienne viendra, le 4 mars, au cinéma Le balzac, présenter son beau roman, Vania, Vassia et la fille de Vassia (2).
Dense, échevelé, ambitieux, ce roman d’aventures plein de bruit, de fureur et de passion suit les destins de deux cosaques et de la fille de l’un d’eux dans la france du XXe siècle. La comédienne en profite pour brosser un tableau minutieux et flamboyant des émigrés russes partagés entre leur nostalgie pour un pays englouti depuis 1917 sous une couverture rouge sang, le désir intense chez certains de débarrasser leur patrie du communisme (jusqu’à s’engager auprès de l’armée allemande derrière le général Vlassov entre 1941 et 1944…) et la soif d’intégration et de réussite dans le pays qui les a accueillis. entre un élevage de chevaux en corrèze, de beaux appartements parisiens, le raspoutine, des banquettes de taxis fatiguées comme leurs chauffeurs, on croise Kessel, Gary, de Gaulle, Mendès france, cohn-bendit, Mitterrand. On jubile surtout devant la confirmation du talent de la veuve de Michel Legrand pour chanter, mieux que personne, ce sentiment que russes et français partagent et échangent avec la même fougue, dans la vie comme dans les arts : l’amour.
Ou plutôt : l’amour fou.