La page histoire de Jean Sévillia
Tour à tour reine de France et reine d’Angleterre, tête politique et protectrice des poètes, cette femme a dominé le XIIe siècle.
Si le XIIIe siècle est celui de Saint Louis, le XIIe siècle est en France celui d’Aliénor d’Aquitaine », observe Martin aurell. Professeur d’histoire médiévale à l’université de Poitiers, il consacre à celle qui fut l’épouse d’un roi de France puis d’un roi d’angleterre une biographie dont la concision a le mérite d’aller à l’essentiel, notamment en balayant, sources à l’appui, quelques mauvais mythes.
Fille et héritière du duc d’aquitaine Guillaume X, aliénor a 13 ans quand elle épouse, en 1137, le fils de Louis Vi, union qui apporte à la couronne de France le duché de Guyenne, la Gascogne, la saintonge et le Poitou, étendant jusqu’aux Pyrénées l’influence capétienne. À peine mariée, aliénor, à la mort de Louis Vi, devient reine. en 1147, elle accompagne Louis Vii à la croisade, mais la mésentente s’installe dans le couple. Martin aurell, toutefois, attribue à la calomnie les accusations d’infidélité lancées contre la reine. en 1152, Louis Vii, impatient d’avoir un héritier mâle, fait annuler son mariage, mais commet une erreur politique – sans doute imputable au décès, l’année précédente, de son conseiller suger – en laissant aliénor se remarier avec Henri
Plantagenêt, comte d’anjou, du Maine et de touraine, et duc de Normandie, à qui elle apporte en dot la Guyenne, la Gascogne, le Poitou, la Marche, le Limousin, l’angoumois et le Périgord. or, Henri Plantagenêt, en 1154, devient roi d’angleterre sous le nom d’Henri ii, ce qui étend sa puissance de la frontière de l’Écosse à la chaîne des Pyrénées : une longue lutte attend alors Capétiens et Plantagenêts. aliénor s’entend bien, au début, avec son second mari, jusqu’à ce qu’elle soutienne, en 1173, la révolte de ses fils contre leur père. Capturée par les hommes d’Henri ii et internée pendant quinze ans, elle est libérée en 1189, à l’avènement de son fils richard Coeur de Lion. Quand ce dernier part à son tour pour la croisade, elle assure la régence puis, à son retour, se retire dans le monastère de Fontevraud. aliénor d’aquitaine meurt en 1204, à près de 80 ans, longévité exceptionnelle pour l’époque, mais Philippe auguste, cette année-là, faisait la conquête de la Normandie, l’anjou et la touraine. L’empire Plantagenêt n’avait pas résisté à la disparition de sa figure la plus prestigieuse.
Aliénor d’Aquitaine, de martin Aurell, puF, 150 p., 14 €.