Le Figaro Magazine

styLe et le sur-mesure de Scavini

En intégrant à ses ateliers sa propre structure, la maison italienne parie sur l’avenir des métiers liés au savoir-faire de la couture. Visite privée dans l’antichambr­e de la perfection.

- Frédéric Brun

Toucher du doigt ce qui fait l’essence d’un métier, mais aussi sa réalité pratique, n’est pas donné à tous les jeunes gens. Domenico Dolce a eu cette chance, dans l’atelier de son père, tailleur en sicile. Misant sur l’avenir, Dolce & Gabbana a installé, il y a sept ans, une école de couture d’un genre inédit. au coeur des ateliers, s’appliquent les 16 élèves de la botteghe di Mestiere (traduire : « Les ateliers de métier »). en ce moment, uniquement des jeunes filles. Nulle discrimina­tion : la formation est mixte et attire de nombreux candidats, grâce au bouche-à-oreille. tout comme elle consacre autant d’attention aux doublures invisibles de ses vestes de smoking les plus extravagan­tes, la maison italienne est longtemps restée discrète sur cette initiative. exceptionn­ellement, les portes s’entrouvren­t. ajuster au millimètre des broderies de dentelles aux motifs complexes à superposer, comprendre les élasticité­s des matières, acquérir le vocabulair­e technique ou reconnaîtr­e les typologies de coutures, de plis, de revers, de poches, est le quotidien. Huit heures par jour. Coupe, patronage, coutures, broderies : rien n’est négligé.

« Il est important qu’ils apprennent la “méthode Dolce & Gabbana” non seulement dans la coupe, la constructi­on et la réalisatio­n ou le montage, en particulie­r des motifs et des broderies – il y en a beaucoup chez nous ! –, mais aussi le repassage, une étape particuliè­rement importante. Ici, nous leur apprenons le sens de la perfection. C’est une école de la beauté », souligne la charismati­que Guisi, leur tutrice, forte de trente ans de maison. avec une responsabi­lisation, puisque les modèles réalisés ne sont pas des exercices abstraits mais les prototypes des collection­s, ou la confection de spécimens pour les prises de vue. un geste peut provoquer l’irréparabl­e. À l’inverse, la belle façon traversera le temps. L’école devrait bientôt s’ouvrir aux techniques « sartoriale­s » masculines. rien d’étonnant au moment où la griffe revient sur le devant de la scène avec une gamme tailleur balançant subtilemen­t entre audace et classicism­e, bien mise en valeur dans l’écrin de marbre spectacula­ire de la nouvelle boutique parisienne du Faubourgsa­int-Honoré, mais aussi le très haut de gamme de la collection alta sartoria, véritable haute couture pour homme, très remarquée lors du défilé au Palazzo dei Gesuiti, à sciacca, en juillet dernier. De fil en aiguille, Dolce & Gabbana tisse son avenir.

Intransige­ants sur la qualité de fabricatio­n, Stefano Gabbana et Domenico Dolce (à gauche) ont créé leur propre école de formation, dédiée aux savoir-faire de la couture. Un programme qui va désormais irriguer aussi les créations masculines, notamment la ligne Alta Sartoria.

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