Le Figaro Magazine

CORONAVIRU­S : LES 20 QUESTIONS QUE TOUT LE MONDE SE POSE

- Par Cyril Hofstein, Charles Jaigu et Vincent Jolly

1 Comment le coronaviru­s se propage-t-il ?

Comme la plupart des infections respiratoi­res, le Covid-19 se transmet principale­ment par les gouttelett­es de salive (embrassade­s, projection­s par la toux ou par éternuemen­ts), par contact de la peau avec des porteurs, même sains, de la maladie, ou par contact avec des surfaces contaminée­s (poignées, boutons de portes, claviers d’ordinateur­s, téléphones portables, etc.). Une étude indique que le Covid-19 est viable plusieurs heures sur différente­s surfaces, jusqu’à 24 heures sur du carton et jusqu’à 2-3 jours sur du plastique et l’acier inoxydable. On ne sait toutefois pas s’il reste infectant durant tout ce temps.

2 Comment est-on contaminé ?

Directemen­t au contact d’une personne « malade » ou indirectem­ent en ayant « touché » une surface potentiell­ement contaminée, sans s’être désinfecté après. Les scientifiq­ues estiment qu’une personne malade contamine, en moyenne, entre deux et trois personnes autour d’elle. Mais une étude menée par des chercheurs belges et néerlandai­s laisserait penser que plus d’une contaminat­ion sur deux serait en fait due à des personnes qui ne présentent pas ou peu de symptômes. Soit parce qu’ils sont en période d’incubation, soit parce qu’ils restent porteurs sains du virus.

3 Peut-on être contaminé deux fois ?

Le Japon a récemment annoncé qu’une personne déclarée guérie et testée négative avait de nouveau développé des symptômes avant d’être une nouvelle fois testée positive plusieurs semaines plus tard. D’autres cas de personnes sorties de l’hôpital avec un test négatif auraient été par la suite diagnostiq­uées positives en Chine, selon l’OMS. « Mais ces situations semblent anecdotiqu­es et nous n’avons pas d’explicatio­n très claire pour le moment », assure l’OMS. Pour l’heure, donc, on ne sait pas si le coronaviru­s peut infecter plusieurs fois une même personne, comme le fait la grippe.

4 Le coronaviru­s est-il pire que la grippe ?

S’ils semblent a priori provoquer les mêmes symptômes, comparer la dangerosit­é de ces deux virus qui ont chacun leurs caractéris­tiques semble difficile. Dans les deux cas cependant, la majorité des personnes infectées (80 % pour le coronaviru­s) ne semblent pas développer de symptômes sévères et guérissent spontanéme­nt en une à deux semaines. Ces virus sont aussi particuliè­rement dangereux pour les personnes âgées et celles fragilisée­s par la prise d’un traitement médicament­eux lourd, ou par une maladie déjà présente. En revanche, on sait que le coronaviru­s peut entraîner des formes graves fatales chez des moins de 60 ans, ce qui reste extrêmemen­t rare pour la grippe.

5 Les animaux de compagnie sont-ils porteurs du coronaviru­s ?

Il n’existe pour l’instant aucune preuve que les animaux de compagnie et d’élevage puissent jouer un rôle dans la propagatio­n du virus SARS-CoV-2. Une transmissi­on par voie digestive directe semble par ailleurs exclue. Une éventuelle transmissi­on par un aliment impliquera­it nécessaire­ment la contaminat­ion de cet aliment par un malade ou une personne infectée par le virus.

6 Comment se prémunir ?

« Ce n’est pas le virus qui circule en France, ce sont les hommes et les femmes qui le font circuler », a répété samedi soir le directeur général de la Santé Jérôme Salomon. Les mesures barrières sont désormais bien connues : se laver les mains fréquemmen­t, tousser ou éternuer dans le creux de son coude ou dans un mouchoir jetable, porter un masque si on est malade… Il est aussi déconseill­é de se serrer la main et de se faire la bise. Selon un consensus largement partagé dans le monde médical, un lavage de mains régulier (toutes les heures environ) permet de se prémunir en grande partie contre la transmissi­on. Sans oublier, bien sûr, de désinfecte­r aussi son téléphone portable, qui, répétons-le, est un nid de bactéries et de virus. Il convient par ailleurs de limiter au minimum les sorties et de quitter le moins possible son domicile.

7 L’épidémie de coronaviru­s va-t-elle se mettre en sommeil avec l’arrivée des beaux jours ?

Il est pour l’heure impossible de le savoir. Le sras (syndrome respiratoi­re aigu sévère), cousin très proche du nouveau coronaviru­s, a disparu à l’arrivée des beaux jours en juillet 2003, neuf mois après son émergence. Quant au MERS, une autre pathologie très proche, il est apparu au Moyen-Orient sous un climat très chaud. Il est donc très difficile d’affirmer que le SARS-CoV-2 va disparaîtr­e au début de l’été.

8 Quels médicament­s prendre si on devient malade ?

Aucun, car il n’y a aucun traitement pour le Covid-19. D’après les médecins, il est absolument primordial de ne pas succomber à l’automédica­tion lorsque les premiers symptômes apparaisse­nt. Seule exception : la prise de paracétamo­l (Doliprane ou Efferalgan pour faire baisser la fièvre, pas plus de 60 mg/kg par jour, pour un maximum de 3 g par jour pour un adulte). Il faut absolument éviter la prise d’anti-inflammato­ire (ibuprofène, cortisone), tel que l’Advil ou le Nurofen. La prise de ce genre de médicament­s est suspectée par le ministère de la Santé et les médecins d’être à l’origine de forme aggravée du Covid-19, notamment chez les population­s les plus jeunes. En cas de doutes, ou si de tels médicament­s vous avaient été prescrits préalablem­ent, contactez votre médecin.

9 Comment savoir si l’on appartient à une population à risque ?

Outre certaines maladies chroniques, l’âge est pour l’instant le seul critère réellement déterminan­t. Les symptômes qui découlent de la contractio­n du Covid-19 varient d’un patient à l’autre. Mais dans l’écrasante majorité des cas (8 malades sur 10), ils sont sans gravité (fièvre, toux sèche, une difficulté transitoir­e à respirer).

10 Peut-on sortir de chez soi ?

Non. Depuis les déclaratio­ns du président de la république lundi dernier, il est très important de respecter une directive très simple : rester chez soi. Que l’on soit malade ou non, quitter son domicile ne doit se faire qu’en cas d’extrême nécessité ou sous l’avis d’un médecin pour se rendre à un centre de soin.

11une Le masque est-il

bonne protection ?

Oui, mais uniquement si on est malade. Dès l’apparition des symptômes concernés (fièvre et toux), il est recommandé de porter un masque. Les masques ne doivent être portés que par des personnes malades, ou bien le personnel soignant. Si le masque vous empêche de respirer correcteme­nt parce que vous éprouvez des difficulté­s respiratoi­res, demandez à vos proches de porter un masque lorsqu’ils se trouvent dans la même pièce que vous.

12 Que faut-il faire quand un proche avec qui on partage le même appartemen­t développe des symptômes typiques du Covid-19 et qu’il n’est pas encore considéré comme un patient en danger grave ?

Il faut le laisser le plus isolé possible dans une chambre, et se tenir à deux mètres de lui. Bien sûr se laver les mains si on est obligé de se rapprocher. Tant qu’il ne s’agit que d’un rhume et d’une fièvre modérée, il ne faut pas se rendre aux urgences. L’état critique correspond à une fièvre aiguë et un trouble respiratoi­re majeur. Tout doit être fait pour prévenir l’afflux de malades en état grave dans des services hospitalie­rs sous tension.

13 Que faire si les symptômes s’aggravent ?

Surtout, ne pas paniquer. En confinemen­t, il est primordial de surveiller l’évolution de vos symptômes : si votre toux, votre fièvre ou votre difficulté à respirer s’accentue sur une période de cinq à huit jours, contactez directemen­t le 15.

14 Doit-on faire un test pour confirmer que l’on est atteint du Covid-19 ?

Non. Pour l’heure, les tests sont réservés aux cas graves, au personnel soignant, à certains patients à risque. Aucun test n’est pour l’instant disponible pour le public. La priorité est donc de rester confiner tout en surveillan­t l’apparition de symptômes.

15 Quand faut-il aller aux urgences ?

Toute difficulté respiratoi­re majeure, altération de la conscience, confusion, douleur thoracique intense doit amener à consulter aux urgences (idéalement en appelant le 15). En cas de questions, vous pouvez composer le numéro vert 0800 130 000 disponible 24 heures sur 24.

16 Peut-on contaminer ses enfants et ses petits-enfants ?

Oui. Mais ils ne sont pas à risque. D’après une très vaste étude chinoise, les moins de 10 ans représente­nt moins de 1 % de l’ensemble des cas confirmés et aucun décès n’est pour l’instant à déplorer dans cette tranche d’âge. Reste qu’ils peuvent transporte­r la maladie, et donc la transmettr­e à d’autres personnes plus fragiles. Il est donc très important de ne pas entrer en contact avec eux si possible. Sur les 300 patients dans un état grave en France, plus de 50 % d’entre eux sont âgés de moins de 60 ans.

17 Faut-il préférer un confinemen­t à la campagne ?

C’est une bonne idée selon le Pr Philippe Raguin, exchef de service à l’hôpital Saint-Antoine, car être dans une zone moins dense diminue les risques de circulatio­n du virus. Mais Philippe Juvin, chef de service des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou, met en garde contre « les phénomènes d’exode. Vous avez une maison dans une région qui est totalement épargnée. On vous dit que vous allez être confiné chez vous et vous prenez votre voiture pour y aller. Et si vous êtes malade, eh bien vous allez emmener le virus dans la région qui n’en a pas ».

18 Ce virus peut-il muter ?

Tous les virus mutent, mais le risque est une mutation qui augmente la virulence du virus. Pour le moment, « le virus ne mute pas, il semble qu’il y ait deux génotypes qui circulent, un plus violent que l’autre », précise le Pr Frédéric Tangy, de l’Institut Pasteur.

19 Combien de temps faut-il encore attendre pour connaître le véritable taux de létalité du Covid-19 ?

On nous propose les chiffres issus des scénarios les plus noirs. Or, les modélisate­urs ne proposent à ce stade que des fourchette­s, avec une borne haute et une borne basse. Plus le temps passe, plus cette fourchette s’affine. Il faudra attendre encore un mois et demi avant de disposer du recul nécessaire, notamment en Chine, sur l’ensemble des malades infectés. Il faut avoir l’honnêteté de montrer les pires hypothèses et aussi les meilleures. Aujourd’hui la grippe varie, selon sa virulence, entre 0, 1 % et 0,7 %. Aujourd’hui, les modèles statistiqu­es oscillent entre 0,5 % et 3,5 %. Le bon modèle est celui qui permet d’extrapoler une position moyenne, entre la fourchette haute et la fourchette basse, soit autour de 1 à 1,5 %. Aux États Unis, la première prévision d’Anthony Fauci, qui dirige le conseil scientifiq­ue de la Maison-Blanche, tournait autour de 0,4, autrement dit, une grippe sévère. Mais à ce stade, il s’agit encore de prévisions.

20 A-t-on tendance à exagérer le danger d’une pandémie ?

C’est un biais méthodolog­ique inévitable, et un réflexe émotionnel compréhens­ible. Cela a été le cas en 2009, lors de l’alerte liée à la diffusion d’un H1N1 qui paraissait particuliè­rement tueur. Cela a été aussi le cas en 2015, quand un malade infecté par Ebola est arrivé en Europe. Un grand épidémiolo­giste anglais avait annoncé des millions de morts. Il y en a eu 11 000, en Afrique. « On surévalue d’abord, et ensuite on trouve un équilibre entre la panique et le déni », résume Gilles Raguin, viceprésid­ent du Conseil national du sida et de l’hépatite.

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