Le Figaro Magazine

DES LITS D’INITIÉS

Les Français changent en moyenne de parure de lit tous les trois ans. Leur choix se porte alors sur des modèles en harmonie avec la décoration de la chambre. Dernières tendances ? Le lin et le made in France.

- Par Marie Rogatien

Lorsque Ulysse, heureux d’avoir fait un beau voyage, rentra chez lui pour retrouver sa couche, Pénélope, méfiante, lui demanda de faire le tour du palais pour reconnaîtr­e celle de leurs noces. C’est dire si, déjà du temps d’Homère, le lit tenait une place de choix dans le foyer ! Lieu du premier et du dernier souffle, nid des amours conjugales (ou extra ?), il est, au Moyen Âge, chez les humbles, le meuble le plus confortabl­e de la maison. Et chez les puissants, le symbole de la richesse seigneuria­le et du pouvoir politique : on y lit, on y reçoit, on y travaille, on y juge (lit d’apparat, lit de justice). Chacun se glisse sous des draps de chanvre ou de lin et sous un monticule de couverture­s, courtepoin­tes et autres peaux de bêtes dont seul le luxe des matériaux varie. Surtout, on y dort à plusieurs. Jusqu’au haut Moyen Âge, dans les chaumières comme dans les châteaux, parents, enfants et même visiteurs (ceux que l’on estime) cognent des clous tous ensemble : le Petit Poucet et ses six frères ; Tristan, le roi Marc et Iseut ; Richard Coeur de Lion et Philippe Auguste…

SOUS LA COUETTE, À RÊVER, À LIRE…

Autre temps, autres moeurs ? Pas vraiment : si aujourd’hui des études très sérieuses ont démontré que l’homme consacrait en moyenne presque un tiers de son temps à dormir, elles ne disent pas combien d’heures il passe sous la couette à rêver, lire, regarder la télévision, téléphoner ou à refaire le monde avec des amis. L’homme moderne est un seigneur médiéval et l’engouement pour le linge de lit en lin en est bien la preuve. Facile d’entretien, résistant,

thermorégu­lateur, esthétique et surtout écologique, car très respectueu­x de la nature (sa culture consomme peu d’eau, ne nécessite pas d’engrais et ses produits dérivés sont recyclable­s), le lin est la fibre idéale. Les grandes maisons ne s’y sont pas trompées – Olivier Desforges, Linvosges, Blanc des Vosges, Anne de Solène, Becquet… –, tout comme les marques moins spécialisé­es comme Le Monde Sauvage ou Merci, dont les étagères du concept store parisien accueillen­t une large gamme de teintes variées à associer, permettant de faire son lit à la carte. Dès 1995, Caravane a créé la série Selena 100 % lin, dont chaque pièce est scellée au creux d’un même morceau de tissu selon la technique de pliage et nouage japonaise ancestrale du furoshiki.

UNE PALETTE DE TEINTES

Désormais un classique, elle se décline en une multitude de coloris coordonnab­les à l’envi. Avec, par exemple, une taie d’oreiller de la capsule Bandana, doux camaïeu de rose imprimé au bloc à la main de façon artisanale et donc unique. Bio-écolo, chez Alexandre Turpault – dont le fondateur a inventé le fameux Mois du blanc en 1862 avec le patron du Bon Marché, Aristide Boucicaut –, le lin est lavé à

De nouvelles lignes chics

et contempora­ines

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de la France.
Parure Essix réalisée dans le nord de la France.
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une référence pour le fait main.
La maison Noël : une référence pour le fait main.
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monochrome­s.
Chez Merci, ambiances contrastée­s ou plus monochrome­s.

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