LA COUVERTURE EST “LE DOUDOU DES ADULTES”
Génération après génération depuis 210 ans, dans la famille Brun de VianTiran, on parcourt les cinq continents pour tirer la barbichette du chamelon, du lama, du yack, de l’alpaca, du yangir, et, of course, de la chèvre. Oui, mais pas n’importe laquelle : la cashgora ou celle du Cachemire. Pour la confection des écharpes, des châles, des tapis d’Avignon, des plaids et des couvertures, cette manufacture de L’Isle-sur-la-Sorgue – labellisée Entreprise du patrimoine vivant – ne sélectionne que les fibres les plus nobles. Parti à la recherche du poil perdu du mérinos introduit jadis en France par Louis XVI – il aurait même pissé sur les tapis de Versailles ! –, Pierre Brun de Vian-Tiran a investi il y a trente ans dans les croisements des moutons. Le cheptel dénombre aujourd’hui 25 000 frisées et le Mérinos d’Arles Antique est la laine la plus fine d’Europe. Avec cette fibre d’exception, son fils, Jean-Louis, huitième du nom, a ruminé le concept de la couverture qui, selon lui, est
« désuète mais éternelle ; elle est le doudou des adultes ». OEnologue, ingénieur d’AgroParisTech, très attaché au savoirfaire traditionnel familial, il a fait appel aux élèves de l’École supérieure de création industrielle pour créer une collection capsule design. Et voilà la « 240 », de forme carrée et réversible, aux couleurs flamboyantes ou plus sages, déchirée et pas coupée, ni biaisée ni ourlée, et chardonnée (grattée aux chardons) d’un seul côté : face, les motifs sont flous mais on s’enroule de douceur ; pile, on admire les détails du dessin. Ensuite ? On tire la couverture à soi, tiens ! Ci-dessous : la « 240 », collection capsule Transhumance, réalisée en partenariat avec l’Ensci, 100 % Mérinos d’Arles Antique, 240 x 240 cm, 615 € (Brundeviantiran.com).