et les passe-temps d’Éric Neuhoff
Creusant le filon d’une pop iconoclaste et poétique, les soeurs Casady livrent une oeuvre conçue pour soigner les âmes.
Beats électro, orgues, theremins, pianos déjantés, bidouillages électroniques… Pour leur 7e album, Bianca et Sierra Casady ont repris les ingrédients qui ont forgé le succès de leurs précédentes productions mais en modifiant quelques étapes de la recette. Elles laissent de côté les vocalises gémellaires et l’univers sonore enfantin constitué de bruits d’eau ou de jouets, pour voguer vers des rivages électroniques et des constructions plus classiques. Plus adultes, en somme… Elles protègent cependant comme un trésor leur phrasé si personnel, tantôt clair et lyrique, tantôt nasillard et rappé, qui avait conduit le réalisateur Jim Jarmusch à les comparer à « deux Billie Holiday sous acide ».
Le décès de leur mère semble avoir guidé les Américaines vers une recherche de transcendance et de lumière. À la faveur de mélodies imparables portées par leurs voix sucrées-salées, l’album regorge donc de pépites d’or pur. Pour preuve, la mélancolie mid-tempo de
Restless, dédiée aux amours perdues de leur maman, imprègne avec force les coeurs et les esprits. Sur
Ruby Red, le duo a fait enregistrer les choeurs par sa mère avec beaucoup d’émotion, seulement onze jours avant son départ. « Son souffle est désormais notre chanson », ont déclaré les jeunes femmes. Magie de l’art, il est à présent aussi le nôtre ! Plus énergique, Smash My Head se révèle comme le véritable tube de l’album. À la fois douloureux et lumineux, il s’appuie sur le pouvoir hypnotique de la répétition pour porter les jeunes femmes vers un salut onirique et nous emmener sur le chemin de la guérison. On se sent déjà mieux…
Put the Shine on (Musicast).