PRÉCARITÉ ÉTUDIANTE : LA SANTÉ MENTALE, GRANDE SACRIFIÉE
La précarité pousse les étudiants à renoncer à certaines dépenses, et bien souvent, c’est sur leur santé qu’ils économisent, comme en témoigne la dernière étude menée par La Mutuelle Des Étudiants. Or sacrifier des soins peut avoir des répercussions
sur le long terme et creuser encore davantage les inégalités.
Vers des problèmes de santé plus lourds Les étudiants sont nombreux à renoncer à des soins (42 % selon la dernière enquête menée par La Mutuelle Des Étudiants ou LMDE*), dont 40 % pour des raisons financières. « Ces renoncements ne sont pas surprenants, regrette Pauline Raufaste, présidente de LMDE. Quand on rencontre des difficultés financières, ce sont souvent les frais de santé qui sont mis de côté. » Pourtant, sacrifier des soins n’est jamais anodin :
« La principale conséquence ce sont les soins à venir. Au lieu d’un souci de santé bénin et rapidement soigné, on peut se retrouver plus tard dans des traitements plus longs et plus lourds », détaille Pauline Raufaste.
D’année en année, le budget santé s’est alourdi : déremboursement de médicaments, franchises médicales, dépassements d’honoraires… « L’augmentation du coût de la vie en matière de frais de santé est très marquée pour
les étudiants», poursuit la présidente de LMDE. La précarité limite l’accès aux soins et notamment ceux liés à la santé mentale avec des étudiants précaires beaucoup plus touchés par les symptômes dépressifs. Au cours des derniers mois, 68% des étudiants ont ressenti une tendance à se dévaloriser et 67% se déclarent cafardeux ou tristes une bonne partie de la journée, et ce, presque tous les jours. En France, alors que le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes, 30% des étudiants déclarent avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois. Lorsque l’on n’a pas d’argent et qu’on repousse éternellement le rendez-vous chez le dentiste, on imagine ce que peut représenter la prise de rendez-vous chez le psychologue…
LMDE lève le tabou du psy
« Nous militons pour que tous les campus disposent d’un service de médecine qui pratique le tiers payant, avec une diversité importante de professionnels de santé, dont des psychologues ou encore pour l’instauration de “chèques santé régionaux”, afin que tous les étudiants puissent souscrire à une mutuelle. Il y urgence à revitaliser les Bureaux d’Aides Psychologiques Universitaires (BAPU) », détaille Pauline Raufaste. Pour lever les freins financiers au suivi psychologique, LMDE a noué un partenariat avec Doctopsy, via le groupe Intériale et prendra en charge intégralement, dès avril 2020, le 1er rendez-vous, suivi d’un forfait sur plusieurs séances pour accompagner les étudiants dans une démarche récurrente. *Enquête réalisée par LMDE entre le 28 mars et le 29 avril 2019, auprès de 5 861 étudiant·e·s âgé·e·s de 18 à 30 ans. lmde.fr/commentcava