NOSTRADAMA
Début janvier, Diane Ducret imaginait une dictature écolo-féministe en Europe… après une panique faisant des millions de victimes.
Aurait-elle développé des dons extralucides depuis sa chute de cheval en 1997 ? Diane Ducret a publié il y a trois mois un roman qui raconte l’arrivée au pouvoir d’Adèle Haenel, pardon, d’Aurore Henri. On a confondu car les initiales du personnage sont les mêmes : celles d’Adolf Hitler. Le projet de La Dictatrice est en effet de revisiter la montée du nazisme un siècle plus tard, avec une féministe écoresponsable en guise de Führeuse contemporaine. C’est une idée un peu basique mais efficace. Diane Ducret va jusqu’à glisser dans la bouche de son héroïne des phrases d’Hitler mot à mot car elle sait qu’elle ne risque aucun procès pour plagiat. Les points communs entre les années 1920 et les années 2020 sont si nombreux qu’il ne manque plus qu’une crise mondiale pour servir de déclencheur, comme en 1929. Dans la réalité, la catastrophe est arrivée plus tôt que prévu. Comme tous les romans de politique-fiction,
La Dictatrice n’est pas rédigée dans une forme très soignée mais atteint son but : faire froid dans le dos. D’autant que plusieurs prédictions du livre font passer Mme Ducret pour Mme Soleil. Page 77, elle écrit : « Les lois des hommes ne sont rien face à celles de la nature. […] Les morts commencent à se compter par centaines, par milliers. » Après une catastrophe écologique, elle annonce un exode urbain vers le sud pour l’hiver 2029. Page 79 : « Les rayons des supermarchés se dégarnirent. » Nous parlons bien d’un roman publié le 3 janvier, dont le manuscrit fut rendu au plus tard à l’été 2019. Mme Ducret invente le gigantesque krach qui est en train de se produire. Beaucoup de collapsologues ont fantasmé sur l’effondrement du capitalisme : on s’aperçoit aujourd’hui qu’ils péchaient par excès d’optimisme (Ducret voyait la tragédie dix ans trop tard). La réalité est plus pressée que la dystopie. L’auteur de Femmes de dictateurs
imagine une dictateuse qui profite de l’insurrection et du couvre-feu pour s’emparer du pouvoir grâce aux réseaux sociaux et ne plus le lâcher. Tout homme accusé de viol est immédiatement jugé coupable et stérilisé sans procès. La guerre est bientôt déclarée avec la Russie, les libertés disparaissent une à une. La force de ce roman est de mêler le futur avec le passé, de telle sorte que le pire soit toujours crédible. Il ne reste plus qu’à espérer que toutes les prophéties de la deuxième moitié du roman ne se réaliseront pas. Greta Thunberg est charmante mais sous sa férule, l’Europe perdrait sa douceur de vivre…
La Dictatrice, de Diane Ducret, Flammarion, 511 p., 21,90 €.